25 ans de vie à Arny

Arny, 25 ans de vie… ça se fête ! Un anniversaire qui est l’occasion de remercier pour tout ce qui a été vécu. Les messages et témoignages sur la fresque de la gratitude en témoignent abondamment.
Nous avons pu exprimer ce matin, au micro de Béatrice, puis sur cette magnifique fresque de gratitude, nos souvenirs, ce que représente ce lieu pour nous tous depuis 25 ans.
Mais qu’est-ce qui a fait que ce lieu est un lieu si unique ? Pourquoi suscite-t-il un tel attachement ?
Je voudrais revenir aux sources, à ce qui a lancé les Focolari à faire la folie d’acheter ce terrain de 24 ha.
Chiara Lubich nous avait parlé de son rêve : elle avait cette certitude étonnante que tous les problèmes de nos sociétés seraient résolus si on savait vivre ensemble dans l’amour réciproque, la seule loi de l’Evangile. Mais comment convaincre de cela nos contemporains ? Oui, il fallait montrer que c’était possible, que des personnes qui habitent dans un même lieu arrivent à vivre en paix, à être solidaires, à faire en sorte que riches et pauvres deviennent frères et sœurs. Et que ceux qui pénètrent dans de tels lieux puissent gouter le parfum de cette Présence Divine.
Alors, est-ce que le rêve de Chiara s’est réalisé durant ces années ?
Oui et non. Chacun peut y répondre personnellement selon sa propre vision, son expérience vécue dans ce lieu. Moi je dirais que certains y ont cru et se sont lancés à fond.
Alors OUI ce rêve s’est réalisé. Ce qui me permet de le dire, c’est ce que j’ai entendu: je vous cite quelques échos qui me reviennent :
- « Ici on se sent bien, en dehors de tout ce qui nous assaille habituellement » ;
- « Avant de venir je pensais qu’Arny ce n’était que des problèmes, mais je n’avais pas compris ce qui se passe ici » ;
- « Je suis émue, m’a dit récemment une jeune femme ayant fréquenté les rencontres EdeC, Arny c’est une maison de famille ».
- Mes collègues représentant d’autres ONG internationales venues passer une journée à Arny pour travailler ensemble ont été remuées, interpelées, depuis celle qui adhérait à l’extrême gauche à celle qui était proche de l’extrême droite, croyantes ou non. Combien de fois elles m’ont reparlé avec nostalgie de cette journée extraordinaire;
- Les scouts musulmans, en franchissant le portail d’entrée se sont arrêtés et leur chef a dit : « Ici on perçoit le sourire du divin. C’est un lieu sacré » ;
- Les « summer schools » internationales, EdeC, Jeunes ambassadeurs pour un Monde Uni, ont laissé des traces indélébiles, j’ai pu le constater à de nombreuses reprises. L’un de ces jeunes a dit en repartant : « Dans ce lieu on se sent unifié dans les 3 dimensions intellectuelle, concrète, et spirituelle : on étudie dans une salle, on travaille dans la cuisine à côté, on grandit dans la vie avec Dieu.»
Quel bonheur d’avoir ouvert nos maisons aux alentours aux visiteurs d’Arny et quelles belles rencontres nous avons vécues.
Combien de personnes avons-nous vu passer durant ces 25 ans ? Je ne saurais le dire, mais beaucoup. Ce que je peux dire, c’est que nous avons vu des visages heureux, ayant perçu ce que personne ne peut voir, ayant humé une atmosphère de tendresse qui enveloppe et transforme le cœur.
Je rends hommage aujourd’hui à ce groupe de bruyérois qui s’est constitué en association pour soutenir notre présence ici dans les temps difficiles des débuts. Certains, décédés aujourd’hui, pourraient être ajoutés à la liste de ceux que nous avons évoqués ce matin à la messe.
Je me souviens de ce petit groupe de chefs d’entreprise, pionniers de l’EdeC, moins d’une dizaine, qui sont venus des 4 coins de la France faire leur première réunion à Arny dans un bâtiment encore inhabitable, car ils sentaient ce lieu comme le leur. Là, 2 fois par an, ils se sont rencontrés, écoutés, compris, et encouragés en donnant leurs témoignages de vie extraordinaires. Aujourd’hui ils se sont multipliés dans plusieurs régions de France.
Et les prêtres, qui chaque quinzaine, depuis leurs paroisses respectives, viennent à Arny, vivre entre eux des moments de communion, et avec nous une vie de famille ! C’est parmi eux qu’a été choisi comme évêque, le chauffeur du tracteur.
Des fêtes nous en avons vécu tellement de fois. Parfois il fallait un évènement extraordinaire comme une première messe après l’ordination d’un des nôtres, la fête de la paroisse ou la messe télévisée, et même une mariapolis de plusieurs centaines de personnes …
Mais bien souvent c’était plus intime, plus simple, et tout aussi chaleureux : repas festifs des chantiers et des mardis, soirées-crêpes de la chandeleur avec la paroisse, fêtes de famille, anniversaires…
Et depuis quelques années, une expérience étonnante avec ces musulmans franco-turcs que nous avons appris à connaître, à aimer. Avec des dîners à thème, nous avons échangé sur les grandes questions comme l’éducation des enfants, notre relation à Dieu, les valeurs qui nous tiennent à cœur….autant de sujets qui nous ont rendu proches les uns les autres, au point de pouvoir témoigner qu’entre musulmans et chrétiens on peut s’aimer comme des frères et sœurs. Et cerise sur le gâteau, une amie juive nous a rejoints récemment.
Alors oui, je crois que le rêve de Chiara s’est bien réalisé durant toutes ces années. On a pu en douter lorsque des tempêtes nous ont secoués, que nous avons eu des difficultés à nous comprendre. C’est à travers ces fêlures que la lumière a pu passer et que le vase nous est apparu encore plus beau.
Des incertitudes demeurent pour l’avenir. En cela nous vivons en syntonie avec notre époque. Alors que reste-t-il de tout ce qui a été construit, souffert, offert durant ce premier quart de siècle ?
Une lumière sur la montagne, qui se propage, qui se multiplie, portée par ceux qui se sont réchauffés à Arny. La lumière ne peut exister sans une énergie qui se consume à l’intérieur. Nous savons ici toute l’énergie qu’il a fallu et qu’il faut encore pour maintenir et garder la beauté de ce lieu qui émerveille toujours ceux qui y pénètrent. Une phrase de Chiara me revient : « Le paradis est une maison que l’on construit ici-bas et que l’on habitera là-haut ». Alors c’est sûr je l’ai vu de mes yeux ce paradis, pas encore achevé, encore envahi parfois de quelques ombres, mais resplendissant.
Pour l’avenir, il nous reste l’Espérance, avec une seule certitude : L’Amour triomphe de tout !
Chantal Grevin
17 mai 2025