Marie Agnès, nouvelle venue à Strasbourg

Née dans le sud de la France où j’ai passé ma petite enfance, de parents d’origine lyonnaise, j’ai grandi en région parisienne, où j’ai connu l’Idéal en 1973.
Seconde de 5 enfants, ma famille était chrétienne et unie. J’ai donc été élevée dans la foi. En famille, on s’efforçait de s’aimer et d’être ouverts aux autres.
Ayant connu la souffrance et la maladie très jeune, j’ai vite pris conscience de mes faiblesses et de ma vulnérabilité. Très réservée et timide, j’ai dû affronter les défis de la vie soutenue par ma famille. Toutefois la vie héroïque des saints m’attirait beaucoup et je voulais les imiter. Ma relation à Dieu est alors devenue plus intense.
Les études supérieures de Secrétaire de direction terminées, je me suis retrouvée face à un avenir qui me semblait déterminé par le trinôme : « Métro-boulot-dodo », sans grandes perspectives et cela me rendait triste. J’ai décidé alors de me lancer dans des expériences nouvelles : partir une semaine à Taizé, m’inscrire à un cours de voile…, expériences belles mais limitées dans le temps, qui me laissait encore plus désappointée.
C’est alors que ma mère eut la brillante idée de me faire connaître, à travers une de ces amies, un jeune du Mouvement qui m’a parlé de son engagement et m’a invitée à une journée de l’Œuvre à Paris. Les expériences de l’Évangile vécu racontées ce jour-là m’ont profondément touchée, me faisant comprendre que je n’étais pas la bonne chrétienne que je pensais être, car je ne vivais pas l’Évangile aussi radicalement. En même temps, j’avais la sensation d’avoir trouvé la vie que je cherchais depuis toujours et que je ne devais pas la perdre. Je me suis donc lancé dans cette nouvelle aventure et j’ai très vite fait partie d’un groupe de partage de jeunes. L’amitié et l’unité entre nous étaient très fortes, même si nous étions très différentes. « Jeunes du monde entier, unissez-vous ! » disait Chiara. L’Opération Afrique, les Genfest, les journées au large, tout était matière pour vivre et construire un monde plus uni et plus beau.
Mon rêve était de me marier et d’avoir des enfants, mais, un jour, à l’improviste, tandis que je méditais sur un texte de Chiara Lubich, une petite voix me susurre : « Si je ne t’ai pas fait rencontrer de garçon jusque-là, c’est peut-être parce que je veux quelque chose d’autre de toi ! » Je tombe des nues, et, en même temps, je comprends que Dieu me demande quelque chose de grand et que je ne peux qu’y adhérer. Ce fut un moment très fort, inoubliable. Me donner à Dieu oui, mais dans quelle voie ? Je demande à Jésus de m’éclairer et dès le lendemain, la réponse arrive : je suis invitée à une rencontre à Rome pour connaître la vocation au focolare. C’est tout de suite l’évidence pour moi : je serais une focolarine. J’éprouve une joie immense : j’ai trouvé ma voie !
En octobre 1976, je pars donc à « La fête », où je reste un an avant de partir à Loppiano pour y suivre la formation de focolarine. Je rentre ensuite en France en octobre 1979 et j’intègre le focolare de Lyon où je reste jusqu’en août 1981. Je me transferts alors une année durant au focolare de Nice.
Suit une longue période passée en Italie, d’abord au Secrétariat de Chiara, au Bureau des traductions, où je reste 15 ans. Puis, après une interruption de 4 ans, passés au Liban, où j’ai découvert un peuple merveilleux, chaleureux et accueillant, je reviens au Centre de l’Œuvre où Chiara a appelé les Conseillers et Conseillères des grandes zones, comme Secrétaire de Marisa Riva et Gianni Ricci, Conseillers pour le Moyen-Orient. Je pensais rester là, j’étais un peu comme chez moi au centre…
Mais, en novembre 2003, Chiara reçoit du Vatican la requête d’une focolarine de langue française pour la Secrétairerie d’État. Elle pense à moi, sans doute à cause de ma connaissance de mon travail précédent au Patriarcat Syro-Catholique lorsque j’étais au Liban. J’ai travaillé 15 ans au Vatican, sous trois papes : Jean-Paul II, Benoît XVI et François, vivant là-aussi une forte expérience ecclésiale, pas toujours facile mais riche, et ce, jusqu’à ma retraite fin 2018.
Je me suis alors mise à la disposition de l’Œuvre qui me proposa d’aller en Belgique où s’ouvrait un nouveau focolare projet pour l’Europe. Cette idée de promouvoir les valeurs chrétiennes de l’Europe me plaisait beaucoup, mais deux ans plus tard, en juin 2021, la nécessité d’ouvrir un nouveau focolare pour suivre et accompagner deux focolarines entrées en maison de retraite se fait jour et je dois abandonner mon rêve européen…
Puis ce sont les exigences de la nouvelle configuration de l’Œuvre en Belgique, qui demande à ce focolare de s’élargir pour suivre la partie francophone de la Belgique. Et, en conséquence, d’accueillir d’autres focolarines et de trouver un appartement plus grand pour suivre la communauté. Ce dernier sera inauguré le 11 août 2023.
Il semble cependant que je ne puisse rester trop longtemps au même endroit, car en septembre dernier, il m’est proposé de venir en France. Et me voici maintenant à Strasbourg, depuis le 12 mai ! J’en suis très heureuse et je me sens déjà chez moi, même si j’ai encore tout à découvrir, comme, par exemple, le projet Europe que j’aurais sans doute la possibilité de voir renaître, avec Ensemble pour l’Europe, sous une autre forme.
C’est une nouvelle étape. Qui sait si ce sera la dernière ? Je m’en remets à Dieu et lui redis mon adhésion pleine à sa volonté.