Une sainteté “nouvelle”
L’Assemblée est informée sur le processus de la cause de béatification de Chiara
Alors que les conseillers élus mais non présents à l’Assemblée arrivent petit à petit des différents coins du monde, l’Assemblée a vécu ce matin une heure importante dédiée à la postulation de la cause de béatification de Chiara.
Cette requête a été introduite le 07 décembre 2013 par l’Oeuvre à l’Evêque du diocèse de Frascati.
Le cheminement parcouru pour arriver à cet acte a été narré ce matin, partant de l’histoire de Chiara marquée de la conscience de l’appel universel à la sainteté ; sainteté non recherchée pour soi mais comme don à Dieu, voulant la sainteté de l’autre comme la sienne, la sainteté avec les autres et surtout avec le Saint au milieu de nous. La présence de Dieu en Chiara a touché de nombreuses personnes qui continuent à en donner témoignage.
En mai 2012 en particulier, l’Oeuvre s’est sentie interpellée durant un séminaire auquel ont participé des experts non appartenant au Mouvement ; ceux-ci soulignaient “l’exigence de faire don à tous de l’expérience de Chiara” : le don de Dieu est pour toute l’humanité et en conséquence le devoir qui en découle de le faire connaître aussi à travers ce moyen que l’Eglise catholique reconnait être l’ouverture du procès de canonisation.
Aux documents (écrits, lettres, discours) rassemblés par le Centre Chiara Lubich, il faut ajouter la recherche dans les archives en dehors de l’œuvre, un travail important pour la cause, mais aussi pour une connaissance toujours plus approfondie sur la façon dont Chiara a vécu et comment elle nous a engendrés.
Les témoignages recueillis sont nombreux : surtout ceux des premières focolarines et premiers focolarini et d’autres témoignages sont encore attendus.
Pietro Taiti, un des premiers amis du quatrième dialogue, dans une page peut-être connue car elle a été publiée, écrit de Chiara : “Nous nous rendons toujours plus compte que la possibilité du dialogue a été rendue réelle par Chiara, non pas au-delà mais à l’intérieur de son observance radicale de la Parole, dans lequel beaucoup se sont retrouvés sans avoir la même foi. Nous avons participé en quelque sorte, sans stupides syncrétismes, à une dimension ecclésiale plus vaste, contenant potentiellement toute l’humanité, sans limites géographiques et de cultures différentes »[1].
Avec l’abbé Silvestre, Lucia Abignente et Waldery Hilgeman (postulateurs et vice-postulateurs de la cause), se trouvait Heike Vesper, focolarine luthérienne, qui a expliqué combien ceci est un sujet sensible pour les Eglises de la Réforme et même inacceptable pour certains.
C’est seulement l’amour pour Chiara – qui a voulu nous laisser sa sainteté – qui nous pousse à accepter le défi et surtout l’amour réciproque avec ceux qui, comme nos frères et sœurs orthodoxes, perçoivent la béatification de Chiara comme possibilité d’ouvrir les portes de leurs Eglises à l’Idéal. A propos, elle a lu un texte préparé par Peter Dettwiller, focolarino marié, pasteur de l’Eglise réformée de Zurich, qui dit notamment : « la Sainteté ! Nous sommes tous appelés à la sainteté comme il est écrit dans la lettre aux Ephésiens (4,23) : « Il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence et revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité ». Chiara nous a ouvert une voie nouvelle à la sainteté, le Saint Voyage. […]
Nous voyons que le procès de béatification est un grand défi non seulement pour les Evangéliques et les Réformés mais surtout pour l’Eglise catholique : de quelle manière l’Eglise catholique peut valoriser cette sainteté toute nouvelle de Chiara ? Une sainteté pour tous, une sainteté de Jésus et avec Lui, et une sainteté collective ? Il me semble que la sainteté de Chiara est un nouveau type de sainteté : qui n’a jamais existé dans l’histoire de l’Eglise. C’est vraiment une sainteté de type œcuménique. Alors: Chiara est une sainte catholique ? certainement! Mais elle est aussi une sainte anglicane, orthodoxe, évangélique, réformée… Pour cela, le procès de béatification sera un défi pour l’Eglise catholique.
Je pense que ce procès exige de nous – dans un certain sens – de perdre Chiara. C’est avant tout les catholiques qui doivent la perdre. Car Chiara ne leur appartient pas uniquement mais elle appartient à tous : tout le monde dit Chiara est « nôtre », non seulement les chrétiens des différentes Eglises mais aussi les fidèles des autres religions et les nombreuses personnes de convictions non religieuses. Mais nous devons perdre Chiara, nous aussi Réformés et Evangéliques, car elle est catholique et elle a été fidèle à son Eglise. Dieu a confié le charisme de l’unité à une femme catholique. Le Mouvement comme porteur de ce charisme universel est né et inséré dans l’Eglise catholique. Et cela a son importance.
[…] Peut importe comme évoluera le procès de béatification. Je me rappelerai toujours cette phrase de Chiara : “Qui pourrra nous séparer si nous sommes unis avec Jésus au milieu de nous ? ». C’est Lui le Saint qui nous conduit ensemble vers la sainteté ».
Une ouverture qui place aussi un procès de béatification dans l’Eglise catholique comme possibilité de transmettre la nouveauté que porte dans ce domaine le charisme de l’unité de Chiara.
[1] P. Taiti, il dialogo è radicato nel «che tutti siano uno», in V. Rus, F. Kronreif (ed.), Rivolti verso le “periferie esistenziali”, Città Nuova, Roma 2013, pp. 40-41.