« Où va mon cœur » ? Une rencontre de « Musulmans et chrétiens en chemin ».
Cette question « Où va mon cœur ? » qui semble être une des questions les plus fondamentales de notre vie, a fait réfléchir une cinquantaine de personnes des deux religions lors d’une rencontre organisée par « Musulmans et chrétiens en chemin », le 30 avril 2017, à Prilly près de Lausanne, des participants français nous racontent.
Cette rencontre a commencé au Centre culturel des musulmans et s’est terminée après le repas de midi au Centre paroissial protestant.
Qu’y a-t-il dans notre cœur ? Vers quoi est-il orienté ? Comment apprendre à mieux le connaître ? Les chemins du cœur ne sont-ils pas de vraies montagnes russes ?
La journée a commencé par deux apports théologiques, l’un du pasteur protestant Martin Hoegger, l’autre par l’imam Djalel Meskaldji.
Les deux ont constaté que tant la Bible que le Coran élargissent le sens du mot cœur. Il n’est pas seulement le siège des sentiments (comme en français), mais il est surtout le centre de son être, là où il dialogue avec lui-même, les autres et avec Dieu.
Ce cœur est ce qu’il y a de plus précieux, mais il s’est aussi endurci. « La maladie humaine la plus commune n’est pas la grippe mais la « sclérocardie », la dureté du cœur », affirme M. Hoegger. « Selon le Coran le cœur peut être même plus dur que les pierres. Il est recouvert de rouille », dit J. Meskaldji.
La « garde du cœur » est un thème constant dans la Bible et chez les Pères de l’Eglises, ces théologiens des premiers siècles. Garder son cœur est un vrai combat spirituel, ce qui est le vrai sens du mot « djihad » dans la tradition musulmane.
Les prophètes bibliques annoncent que Dieu écrira un jour sa loi d’amour sur le cœur et qu’il mettra un cœur nouveau, un cœur de chair en nous. « Les chrétiens se tournent vers Jésus-Christ en qui cette promesse est réalisée », dit le pasteur. Le Coran répète également sans cesse que le cœur a besoin d’être purifié par une eau pure, celle de la Parole de Dieu : « elle réveille mon cœur, le soigne, casse sa dureté et le lave de sa rouille qui vient surtout à travers l’orgueil », dit l’imam.
Puis deux couples ont témoigné comment ils prennent soin de leur vie spirituelle. Le premier, en direct d’Algérie, Schéhérazad et Farouk Mesli, ont partagé comment la découverte d’un Dieu d’amour, à travers la spiritualité du mouvement des Focolari, a révolutionné leur vie de couple : « On apprend à aimer l’autre pour lui-même, à laisser agir Dieu qui est dans le cœur de chacun afin d’être un témoignage vivant de l’unité de Dieu mais surtout nous expérimentons la grâce de Dieu qui investit notre cœur de sa miséricorde ».
Puis un couple chrétien Anne Catherine Reymond et Fabien Hünenberger, tous les deux membres de la Communauté de S. Egidio ont partagé leur chemin de vie de couple, comment la présence de Dieu a transformé leur cœur par la prière et la vie fraternelle mais aussi la proximité des pauvres. « Un sentiment de gratitude pour le chemin parcouru nous habite. La foi en Dieu est une boussole dans les défis que doit relever le couple, surtout dans l’éducation des enfants. Ils nous poussent à nous décentrer pour mettre Dieu en premier ».
L’après midi des ateliers ont permis de prolonger un dialogue où est apparu ce que chrétiens et musulmans ont en commun. Une participante musulmane venue de Lyon témoigne ainsi : « Dans un temps où beaucoup essayent de diviser nos communautés, comme il est bienfaisant de nous rencontrer dans l’estime réciproque ».
De manière unanime, les participants à cette riche journée ont souhaité que ce chemin de dialogue continue par de nouvelles initiatives. Rendez-vous est donc pris pour l’année prochaine !