Fête de famille et réconciliation

Nos deux familles sont des familles nombreuses. Nous n’avions pas de contacts réguliers avec beaucoup de leurs membres en raison de souffrances anciennes, et cette situation avait créé de la distance. En plus, notre choix de venir habiter à proximité d’Arny et de participer à la vie de  ce lieu fraternel et communautaire du mouvement des Focolari, situé en en région parisienne, n’avait pas été compris de la plupart.

L’idée donc de réunir tout ce monde à Arny a commencé à germer en moi, mais pour cela, nous devions être d’accord, ma femme et moi. Sans cet accord, c’était évidemment impossible de faire quoi que ce soit… J’ai fait le choix d’attendre, et bien m’en a pris, car son accord a permis, un peu en dernière minute il est vrai, d’inviter tout le monde, au prétexte de fêter mon anniversaire… pratiquement tous sont venus… Nous étions environ 80 ce jour-là.

Au départ, nous pensions que l’idée était d’abord de présenter ce qui nous avait poussés à participer à cette vie d’Arny, non seulement lieu de fraternité, mais aussi aventure qui associait de nombreux acteurs, locaux ou non, comme le journal Nouvelle Cité, qui y avait son siège.

Mais un point essentiel nous avait échappé : certaines de ces familles étaient marquées par des divisions, des blessures anciennes, et nous avons soudain compris que tenter de les réunir était une idée un peu folle… Au départ, nous voulions simplement proposer une fête, et finalement, ce fut surtout l’ambiance de ce jour qui a créé petit à petit les conditions pour que certaines personnes acceptent de se rencontrer et de parler à nouveau entre elles. Je pense à cette nièce, qui a consenti à venir en toute dernière minute, redoutant de rencontrer son père avec qui elle ne parlait plus depuis longtemps… Je pense à cette autre nièce par alliance, qui avait complètement coupé les ponts avec sa famille… Et aujourd’hui, cinq ans après, elle garde toujours le contact, elle participe à nouveau à des occasions de rencontre familiales… et c’est justement elle qui est partie bonne dernière ce jour-là. Ma femme, qui redoutait cette confrontation avec sa famille, a finalement été très heureuse de ce moment.

La présence amicale de nos amis du mouvement des Focolari, et de quelques paroissiens qui avaient aussi été invités, ont contribué à créer cette ambiance.

Le lieu d’Arny et le temps splendide de ce jour-là ont été aussi de la partie. Certaines personnes, à la visite du siège du journal Nouvelle Cité, ont compris qu’il se passait quelque chose dans la vocation de ce journal, et ils ont souhaité participer par une aide financière… Et, cinq ans après, le souffle de cette journée reste bien présent, avec ces cousins et neveux éloignés gardant le contact entre eux et avec nous, et la réconciliation contre toute attente de certains qui reste toujours vivante aujourd’hui…

Alain Barbier