Surmonte l’indifférence et remporte la paix !
C’est le message incisif et lumineux du pape François pour la 49ème Journée Mondiale en faveur la paix. Le commentaire de Margaret Karram, focolarine arabo-palestinienne.
Le message du pape François, en cette année jubilaire de la Miséricorde, nous demande plus que jamais de vivre pour le don immense de la Paix. Un appel fort, qui secoue les consciences et invite à la conversion. Paix et Miséricorde : deux éléments indispensables pour vivre en accord avec les hommes et avec la Création. Deux mots dont nous prenons aujourd’hui davantage conscience en raison des effets de leur absence.
Dans le message du Pape, un passage qui parlait de Jésus m’a transporté dans ma terre.C’est frappant pour moi – arabe, catholique, d’origine palestinienne – de revoir la façon d’agir de Jésus en suivant cette invitation: «Surmonte l’indifférence et remporte la paix ! ». En parcourant à nouveau ces lieux, je peux affirmer qu’Il a vécu comme l’Homme au milieu des hommes et enseigné à l’aide de paraboles divines tirées de la vie quotidienne.
Hélas, aujourd’hui encore mon Pays est une terre où l’on ne connaît pas encore la Paix véritable, et pourtant c’est le berceau des trois grandes religions monothéistes. L’Etat d’Israël compte huit millions d’habitants et les Territoires Palestiniens quatre. Dans ces deux pays les chrétiens ne représentent que 2% de la population et appartiennent à diverses Eglises : catholique, orthodoxe, arménienne, syro-orthodoxe, copte, luthérienne et autres. Une Terre dont la superficie est petite mais qui est vaste en raison de ses dimensions multiculturelles, pluri-religieuses et confessionnelles.
La possibilité de vivre en paix est un chemin qui reste tout à parcourir. Même si ici ou là des tentatives pour trouver une solution politique juste et durable ne manquent pas. Peurs et méfiances réciproques ont construit des murs de division de part et d’autre, mais ce sont surtout l’hostilité et la méfiance inscrites dans les cœurs qui sont difficiles à abattre.
Je suis très touchée par les paroles du Pape : «Au niveau personnel et communautaire l’indifférence envers le prochain, fille de celle envers Dieu, revêt l’aspect de l’inertie et du désengagement, qui alimentent et font durer les situations d’injustice et de grave déséquilibre social. Celles-ci, à leur tour, peuvent conduire à des conflits ou, de toute façon, engendrer un climat d’insatisfaction qui risque de déboucher, tôt ou tard, sur des violences et de l’insécurité ».
Au cours des années que j’ai passées à Jérusalem, je me suis engagée, avec beaucoup d’autres personnes, à promouvoir l’esprit d’un dialogue vrai et sincère entre le monde arabe et le monde juif, à travers l’amitié et l’affection que seules les relations humaines peuvent créer : parler de paix, en effet, seulement au plan politique n’est pas très efficace si l’on ne construit pas au préalable des relations entre les personnes. De là sont nés des moments de rencontre entre jeunes, familles, intellectuels appartenant aux deux cultures , qui ont permis des gestes concrets de rapprochement, de solidarité et de respect réciproque.
“Surmonte l’indifférence et remporte la paix ! ». Ce message fait jaillir dans l’âme une nouvelle espérance. Le Pape nous avertit en disant : « Quelques personnes préfèrent ne pas chercher, ne pas s’informer et vivent dans le bien-être et le confort, sourdes au cri de douleur de l’humanité souffrante. Sans presque nous en apercevoir, nous sommes devenus incapables d’éprouver de la compassion pour les autres, pour les drames qu’ils vivent, nous n’éprouvons aucun intérêt envers eux, comme si ce qui leur arrivait relevait d’une responsabilité extérieure à nous, qui ne nous concerne pas ».
Que le message du Pape François nous encourage à un réel changement. Que 2016 nous voie tous engagés avec détermination et confiance, à tous les niveaux, pour faire œuvre de justice et de paix. Certes, celle-ci est un don de Dieu, mais elle est confiée à tous les hommes et toutes les femmes du monde. Il revient à chacun de nous de réaliser cet objectif.