« Ambassadeurs de réconciliation ».
Les vingt ans de « Ensemble pour l’Europe ».
Venant de 23 pays européens et de 55 différentes communautés, les amis d’Ensemble pour l’Europe se sont réunis à Ottmaring du 7 au 8 novembre 2019. Le samedi 9 novembre, jour de la chute du mur de Berlin, quelques 300 personnes ont rempli l’hôtel de ville d’Augsbourg, pour marquer les 20 ans de ce « mouvement de mouvements ». Un retour à la source pour un nouvel élan de réconciliation !
Chronique de Martin Hoegger.
Retour à la source
Pourquoi sommes-nous en ce lieu ? Ottmaring est un lieu d’œcuménisme de vie où vivent deux communautés, une fraternité protestante (Vereinigung vom Gemeinsamen Leben) et le mouvement des Focolari ! C’est le lieu d’inspiration d’Ensemble pour l’Europe qui est né ici au lendemain de la signature de la Déclaration commune sur la justification. Un retour aux sources, donc, disent Andrea Rösch, du mouvement des Focolari et Gerhard Pross, des Unions chrétiennes des jeunes gens (CVJM) !
François Delooz, de la communauté de S. Egidio de Liège, nous propose une belle méditation que je résume :
Ce soir, Jésus vient parmi nous avec toute notre diversité. Il nous dit, comme au soir de Pâques « la paix soit avec vous ». Les disciples étaient bouleversés. Chaque fois que nous acceptons de l’écouter, la Parole nous bouleverse.
Mais Jésus ne doit pas nous faire peur, car il nous aime. Les disciples se réjouissent, car sa présence est toujours une joie, mêlée de confiance et d’espérance.
Les disciples sont confrontés aussi à la croix de Jésus, à ses plaies. Nous ne pouvons oublier cette réalité qui a été dépassée par sa résurrection.
C’est en acceptant de toucher les blessures du Crucifié et des pauvres de nos villes que nous pouvons comprendre son don d’amour et la force de sa résurrection.
Jésus a ouvert les esprits à sa Parole. C’est la Parole de Dieu qui nous réunit et renforce notre communion, non pour être heureux d’être ensemble mais afin d’être les témoins de l’Évangile.
Il y a 30 ans tombait le mur de Berlin. La vocation des chrétiens est de faire tomber les murs, de travailler à la réconciliation. Ici à Augsbourg, les chrétiens se sont réconciliés en signant la Déclaration sur la justification par la foi et avec la fondation d’Ensemble pour l’Europe.
Gerhard Pross (Union chrétienne des jeunes gens) et Andrea Roesch (Focolari)
« Plus nos communautés sont soeurs, plus nos peuples seront frères », disait Andrea Riccardi. C’est l’Esprit de Dieu qui nous soutiendra pour aller à la rencontre de tous, surtout des pauvres. « L’amitié permet d’aller au-delà des frontières. Dans l’amitié on peut accepter de ne pas tout comprendre et de ne pas avoir peur de l’altérité ».
Prions pour que ces journées nous ouvrent davantage au don de l’unité et de la fraternité !
« La partition est écrite dans le ciel »
Cette parole fondatrice de Chiara Lubich, la présidente du mouvement des Focolari, indique que, dans la démarche d’Ensemble pour l’Europe, c’est l’Esprit qu’il faut suivre, et non un programme préétabli. Les communautés et mouvements sont un don de l’Esprit. Leur unité aussi ! A Ottmaring, la communion entre deux mouvements peut inspirer d’autres mouvements et Ensemble pour l’Europe à rechercher l’unité.
Action de grâce pour le chemin des 20 ans
« Le présupposé de la prière est la présence de Jésus parmi nous », dit Thomas Roemer, secrétaire exécutif des Unions chrétiennes de Münich. Nous pouvons lui ouvrir nos cœurs, en le chantant dans plusieurs langues ». T. Roemer nous invite à un temps intense de chants et d’action de grâces, où nous disons plusieurs MERCI :
– Merci pour les acteurs de la première heure qui nous ont précédés et qui sont dans la « nuée des témoins ».
– Merci pour l’unité qui a été maintenue.
– Merci pour la diversité des charismes qui contribuent à l’unité.
– Merci pour la grâce du don réciproque, de la parole échangée.
– Merci au Dieu trinitaire qui aime habiter dans son peuple !
Le lendemain Andy Pettman, membre du mouvement « Sword of the Spirit » nous introduit à nouveau dans la reconnaissance.
Dans ce mouvement plusieurs jeunes hommes se sont engagés dans le célibat. Ils ont donné entièrement leur vie au Seigneur, même des protestants ! Comme une réponse à l’amour du Christ qui a tout accompli pour nous.
Qu’il est beau de rendre grâce à l’immense amour de Dieu qui habite en nous par l’Esprit saint et nous appelle à être un seul peuple, dans une grande diversité !
Paul ne cesse de rendre grâce, surtout dans la lettre aux Philippiens :
« Je remercie mon Dieu chaque fois que je pense à vous. Toutes les fois que je prie pour vous tous, je le fais avec joie, en raison de l’aide que vous m’avez apportée dans la diffusion de la Bonne Nouvelle, depuis le premier jour jusqu’à maintenant. » (Phil 1:3-5 , voir aussi Eph 1, 1 Thess 1,1)
Prophètes dans une situation précaire.
Nicole Grochowina (Soeur de la Communauté protestante Christusbruderschaft, Selbitz en Bavière du nord) pense que le mouvement « Ensemble pour l’Europe » est une expression de l’espérance de la réconciliation en Europe.
Diego Goller (Focolari) S. Nicole Grochawina (Christus Bruderschaft)
L’Europe a en effet besoin de réconciliation. Mais elle ne doit jamais oublier que la réconciliation a été réalisée à la Croix du Christ. Réconciliation signifie donc rencontre, amitié qui s’intéresse à l’autre, repentance, pardon.
Ensemble pour l’Europe a fait de belles expériences de réconciliation, ces vingt dernières années. « Afin que le monde croie » ! Les mouvements, dans leur désir de s’ouvrir les uns aux autres, sont sortis de leur zone de confort. Par ricochet, ils ont appris à mieux se connaître eux-mêmes. Le charisme de chaque mouvement s’approfondit dans le miroir de la rencontre.
Ensemble pour l’Europe est un signe prophétique. Pourquoi ? La prophétie signifie donner un sens plus profond à l’histoire, soulever l’espérance, rencontrer le Christ dans l’autre et reconnaître son charisme.
Aujourd’hui Dieu nous appelle à vivre l’espérance et notre charisme commun de l’unité, fermement enraciné dans le commandement nouveau de l’amour réciproque. Depuis vingt ans il nous appelle à cette unité, à ouvrir la porte à l’autre.
Les signes de Dieu ne sont que des signes, mais ils sont réels…dans une Europe rendue précaire par tant de problèmes.
Sept semences d’Ensemble pour l’Europe.
Thomas Roemer, directeur des Unions chrétiennes de Münich, nous présente un sachet avec des semences et nous invite à semer sept semences.
Notre « Ensemble » est une réponse à l’appel à l’unité par le Christ.
Notre « ensemble » est « pour l’Europe » afin de lui donner une âme.
Quelles sont ces semences ?
La première, et la plus importante est avant tout la confiance en la présence de Jésus parmi nous. Il faut la semer d’abord en nous.
La deuxième semence est de suivre le commandement nouveau de l’amour réciproque.
La troisième est de vivre l’amitié.
Cette semence nous conduit ensuite à parcourir le chemin de la réconciliation en cherchant la rencontre et le dialogue avec l’autre.
Gottlob Hess (Vereinigung vom Gemeinsamen Leben) et Thomas Roemer (CVJM)
Cette semence est, cinquièmement, de découvrir la diversité en tant que richesse. Regarder plus à ce qui nous unit qu’à ce qui nous divise.
Puis, sixièmement, c’est vivre la fraternité. Aller à l’encontre de l’autre. Vivre dans la confiance.
La septième semence est de dire oui à l’Europe. Un oui à dire avant tout à Dieu qui lui-même dit oui à tous dans son amour et nous appelle à y répondre en faisant sa volonté.
Chacun reçoit alors un sachet en nous invitant à y écrire quelle semence est importante pour nous.
J’y écris « suivre le Nouveau commandement de l’amour » : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jean 13,34). Verset qui fut mon « verset de confirmation ».
Puis nous pouvons prendre encore deux autres sachets : un sachet à donner à ma communauté et un autre à donner à la fête des 20 ans d’Ensemble pour l’Europe qui aura lieu à Augsbourg le lendemain.
Frontières en Europe et la « compétence d’Emmaüs. »
Le philosophe Herbert Lauenroth dit que l’Europe a mal à ses frontières. Dans celles-ci elle dévoile son âme. Les nationalismes séparent et se nourrissent du besoin de sécurité et de la peur.
Mais une frontière est aussi ce qui relie. Dans le symbole de la Croix, le Christ est la figure de celui qui franchit les frontières et réunit.
La vocation d’être une frontière qui relie se montre dans le récit du chemin d’Emmaüs. Le noyau de cette narration est Jésus qui se manifeste au milieu des disciples. Avec Jésus marchant parmi eux leur chemin – et le nôtre – devient un chemin de vie avec un large horizon.
Dans ce récit il y a deux phases. La première : reconnaitre le Christ. La deuxième : témoigner après la rencontre.
- Lauenroth invite à acquérir la « compétence d’Emmaüs», à savoir chercher dans les Écritures ce qui concerne le Christ et à tout comprendre à la lumière de sa présence parmi nous.
Cette présence parmi nous est comme la « pupille de l’œil de Dieu ». Jésus est le martyr qui se manifeste parmi nous, le prophète précaire franchissant les frontières et le médiateur qui disparaît.
A nous aussi de lui donner un espace parmi nous pour témoigner de lui et franchir les frontières !
Nous continuons par petits groupes linguistiques pour répondre à ces trois questions :
- qu’est-ce qui est important pour moi ?
- quelles semences voulons-nous semer ?
- quelle est l’identité culturelle d’Ensemble pour l’Europe ?
Le peuple de Dieu en Europe : quel défi ?
Le théologien catholique Johannes Hartl a ouvert une « maison de prière » oecuménique à Augsbourg, dans un ancien Fitness. Une maison ouverte jour et nuit depuis 2011. Plus de 100’000 heures de prière. De ce service de prière sont nées d’autres initiatives. De grands rassemblements ont été organisés, avec plus de 10´000 personnes.
Dans l’histoire du salut, Dieu met du positif dans le négatif. Il agit ainsi au temps de l’exil en appelant Jérémie. Il en va ainsi aujourd’hui.
Les médias nous font perdre le contact avec la réalité. Combien de temps un jeune entre 16 et 30 ans passe-t-il devant internet par an ? 2700 heures !
Le capital pour le futur sera la santé émotionnelle, car les robots feront tout mieux que nous, sur le plan de l’efficacité.
Il note trois tendances négatives dans notre société :
- Humanisme (ou anthropocentrisme) : l’homme est le centre de l’univers et se passe de la transcendance pour se définir. C’est devenu si évident comme l’air qu’on respire.
- Fragmentation : il y a de plus en plus de sous-groupes qui ne se rencontrent plus, ne se connaissent plus. Il devient de plus en plus difficile de se relier.
- Fonctionnalisme : on peut tout et rapidement réparer par la technique. L’homme est de plus en plus une chose.
La bonne nouvelle est que Dieu a une contre-proposition et une solution. La mauvaise est que le peuple de Dieu est infecté par cette mentalité. L’Église est influencée par l’anthropocentrisme en mettant Dieu entre parenthèses. Elle fonctionne sans prier.
Les trois tendances positives, à travers lesquelles Dieu agit, sont :
- La crainte du Seigneur. Elle est « le commencement de la sagesse» et nous fait prendre conscience que notre vie est à vivre devant Dieu. La crainte du Seigneur nous garde de nous soumettre à l’opinion publique « Si je cherchais encore à plaire aux hommes, je ne serais pas serviteur du Christ, » écrit Paul (Galates 1:10 ). Les directions d’Église ont à méditer ce verset !
- L’unité. L’Europe est à la pointe par rapport aux autres continents dans ce domaine. Cette unité ne doit pas être humaniste, mais autour du Christ, dans sa crainte, et dans la prière.
- La prière. la spiritualité devient de plus en plus importante chez les jeunes. Mais les Églises en Europe prient peu, contrairement en Asie et au Moyen Orient. Nous sommes « fonctionalistes » plus que spirituels. Les médias sociaux ne peuvent que refléter – ou non – la lumière. Ils ne peuvent pas la produire.
Ces différentes tendances (positives ou négatives) nous les découvrons dans notre coeur, dans l’Église et dans le monde.
« Un enjeu de notre siècle est le repli identitaire. Quand on a créé des amitiés il est important de regarder nos différences et de les approfondir pour ne pas rester dans un entre-soi unanimiste… Comment traverser les frontières en tant que chrétiens ? C’est Jésus ressuscité qui nous les fait traverser. Il est au milieu de nous et nous explique les Écritures comme sur le chemin d’Emmaüs. Jésus au milieu de nous est ce qui nous différencie d’un mouvement politique. Il est une personne, pas une idée. ». (Gérard Testard) |
Mission, dialogue et prosélytisme
Comment vivre la mission et le dialogue ? demande un participant. Les deux vont ensemble, affirme J. Hartl. Il faut donner un espace à l’autre, mais j’ai aussi à partager ce qui m’habite, pas seulement me vider de moi-même. Dans sa première lettre Pierre appelle à rendre compte de notre espérance. Il faut un dialogue avec une position, une thèse et du sens. Et notre position est Jésus-Christ. Sinon on tombe dans le relativisme.
Une question concerne le prosélytisme. Selon J. Hartl, si on introduit ce terme dans le contexte du dialogue interreligieux, cela nous coupe du mandat du Christ d’évangéliser et d’amener les nations au Christ. Ce terme a une pertinence dans le contexte œcuménique, mais non dans le cadre du dialogue interreligieux.
Il faudrait aussi que les Églises se demandent pourquoi certains membres rejoignent des Églises évangéliques. Au lieu de les condamner, qu’elles s’inspirent de leur approche !
« Ici, le meilleur en chacun est éveillé »
Heinrich Walter, responsable du mouvement Schönstatt, conclut la journée d’Ensemble pour l’Europe à Ottmaring par les remarques suivantes : Être ensemble commence par une relation personnelle. « Je voudrais connaître ton âme », demandait souvent Chiara Lubich.
– « Ici, le meilleur en chacun est éveillé », c’est la réaction d’une personne qui a participé pour la première fois à cette rencontre.
– « Nous restons un signe prophétique. Un jour viendra où ce signe aura un effet dans la société. La partition est écrite au ciel. Dieu sait quand il sera donné ».
– Finalement il souligne combien la prière est importante et propose de conclure par prier.
« J’étais dans cette salle en 1999, après la signature de la déclaration sur la justification par la foi, quand Ensemble pour l’Europe a été fondé. Je suis impressionnée par ce qu’est devenue cette petite semence. Nous avons à vivre la culture de l’unité. C’est ce que l’homme d’aujourd’hui attend. L’unité dans la diversité ». (Maria Wienken, responsable de l’œcuménisme dans le mouvement des Focolari, sur la photo avec Heinrich Walter) |
Augsbourg, « ville de paix »
Le soir nous nous rendons à l’hôtel de ville d’Augsbourg, où son maire, Stefan Kiefer nous dit « Grüssgott » comme on le dit en Bavière, en nous accueillant dans la magnifique Salle dorée – entièrement reconstruite après la guerre.
Il présente la riche histoire d’Augsbourg, une des plus vieilles villes d’Allemagne, fondée par les romains. Martin Luther y a habité, près de l’Église S. Anne. En 1518, il a appelé ici toutes les autorités de se soumettre à l’autorité des Écritures.
C’est aussi en cette ville que la Confession d’Augsbourg a été publiée. Elle a été une tentative « œcuménique » de réconciliation. Mais sans succès !
La paix de Westphalie a mis fin à la guerre de trente ans, également à Augsbourg. Dès lors chaque année une fête de la paix y est célébrée. Augsbourg est donc une « ville de paix ».
Stefan Kiefer, maire d’Augsbourg
Tous les trois ans le « prix de la paix d’Augsbourg » est décerné dans cette salle. Chiara Lubich l’a reçu en 1998.
Le maire rappelle aussi que cette ville a vu naître le mouvement d’Ensemble pour l’Europe, qui veut remettre au centre une « culture de la réciprocité ». Il apprécie cette culture car plus de 50% de la population de cette ville est d’origine étrangère.
Gerhard Pross, modérateur du comité directeur, prend la parole au nom d’Ensemble pour l’Europe et dit comment la Déclaration sur la justification a permis de surmonter la division de la chrétienté. « Quelque chose de nouveau a commencé ici. Vingt ans après, nous revenons ici. « La partition est écrite dans le ciel», disons-nous souvent. Nous commençons à en jouer quelques notes ! »
À la fin il donne au maire un sachet de semences : les semences d’Ensemble pour l’Europe !
Diego Goller, également membre de ce comité, a aimé l’expression « culture de la réciprocité » utilisée par le maire. « C’est la réalité et cela le restera dans notre réseau de mouvements », dit-il en conclusion à cette soirée…suivie par une dégustation des traditionnels « Bretzels » bavarois.
La justification par la foi
Le 9 novembre, jour où le mur de Berlin est tombé il y a trente ans, nous nous trouvons dans une salle de l’hôtel de ville d’Augsbourg, avec 130 personnes invitées en plus des délégués d’Ensemble pour l’Europe. En tout 300 personnes.
La journée sera marquée par la commémoration de la « Déclaration commune sur la justification par la foi », signée il y a 20 ans dans cette même ville.
Thomas Roemer (Unions chrétiennes des jeunes gens – CVJM) commence par une méditation sur le récit de la guérison du paralytique et voit dans ce texte ce thème de la justification du pécheur. Comment avancer sans que le passé nous paralyse ? Les amis du paralytique l’apportent à Jésus. Jésus voit sa souffrance plus profonde, le péché dans le coeur qui le sépare de Dieu. Il lui donne de se tenir devant lui et le rend juste devant lui. Guérison et pardon viennent tous deux de Dieu. Jésus pardonne et nous relève encore aujourd’hui. Il est au milieu de nous pour agir ainsi, nous relever et nous unir.
Le message de la justification du pécheur par la foi ne peut être communiqué qu’ensemble. La Déclaration commune sur la justification par la foi a ouvert une grande porte et nous a réconciliés.
Il rappelle deux expériences :
En 1998, lors d’une première rencontre les gens étaient touchés par le fait que nos divisions empêchent le témoignage, il y a eu alors une profonde demande de pardon. Sans la justification du pêcheur pas de témoignage possible !
En 2001 dans l’Église de S. Matthieu à Munich, Chiara Lubich et l’évêque Wilkens ont parlé de Jésus crucifié et abandonné. 800 responsables ont ensuite conclu un pacte d’amour réciproque, avec le Christ parmi eux. Le commandement nouveau de l’amour réciproque est indispensable pour une nouvelle culture. C’est Jésus parmi nous qui nous donne la force pour le vivre
Nous nous sommes visités pour découvrir la richesse de l’autre. « Lève-toi ! » Cet appel au paralytique est aussi adressé à chaque membre du peuple de Dieu. Cet appel est aussi pour l’Europe. Levons-nous pour chercher le dialogue et nous réconcilier !
Ce récit de l’évangile se termine par la louange du peuple. C’est ce que nous souhaitons : que la louange de Dieu se répande parmi tous les peuples d’Europe. Qu’Ensemble pour l’Europe apporte sa contribution pour que l’Évangile soit diffusé !
« Le pacte d’amour réciproque » a conclu la rencontre
Ambassadeurs de la réconciliation
Christian Krause, ancien président de la Fédération luthérienne mondiale, parle de la tension existante entre les institutions et les mouvements. Ces jours, il a redécouvert la force des mouvements. « Si les mouvements ne bougent pas, il n’y a plus rien qui bouge dans l’Église. C’est la force de l’Esprit Saint qui a créé cette communauté d’Ensemble pour l’Europe », affirme-t-il. « Votre liberté est une grande chance. Utilisez-la, je vous en prie ».
Il y a vingt ans, il a signé la Déclaration commune sur la justification au nom des luthériens. « L’essentiel de celle-ci est seule la grâce suffit – sola gratia. C’est la grâce de Dieu que nous devons laisser vivre en nous, à travers la foi seule – sola fide ».
Il se souvient que la ville était en fête avec beaucoup de jeunes. « A la suite du pape Jean-Paul II, je leur avais dit qu’on ne pouvait entrer dans le nouveau millénaire en perpétuant nos divisions ».
L’évêque Christian Krause
A plusieurs reprises, il insiste sur la nécessité de la réconciliation qui veut dire reconnaître ses erreurs, raconter nos histoires blessées. Mais s’il faut se rappeler du passé, il faut surtout s’ouvrir à la grâce de Dieu.
Le plus urgent dans l’Église est de travailler pour la « diversité réconciliée ». « Le cri de Paul – « au nom du Christ laissez-vous réconcilier avec Dieu (2 Cor 5,21) – est l’appel pour aujourd’hui. Il faut que les communautés et mouvements le lancent partout. Ils sont les ambassadeurs de la réconciliation, c’est pourquoi ils sont indispensables »
Le Cardinal Walter Kasper a aussi envoyé un message à Ensemble pour l’Europe, à cette occasion : « Les rencontres d’Ensemble pour l’Europe m’ont toujours encouragé. Elles sont plus que jamais nécessaires aujourd’hui. L’Europe a besoin du témoignage chrétien et de notre prière commune. Sans la paix que Dieu donne dans le coeur, il ne peut y avoir de paix dans le monde ». |
Unité dans la diversité
Bertram Meier, administrateur du diocèse catholique d’Augsbourg, se rappelle que le pape Jean Paul II avait annoncé que la signature de cette Déclaration était une pierre milliaire sur le chemin de l’unité. Il était alors un de ses secrétaires.
Il souligne l’importance de la méthode de cette Déclaration : le « consensus différencié » qui affirme que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. On est uni dans la substance de la doctrine, mais des formulations peuvent différencier.
Bertram Meier, Sœur Nicole Grochowina, Axel Piper
Axel Piper, évêque luthérien, confirme que c’était une pierre milliaire. Il n’est en effet pas nécessaire d’être d’accord sur tout pour être uni. L’unité dans la diversité est essentielle.
Cette unité dans la diversité est aussi un défi à l’intérieur de l’Église catholique, pas seulement entre les Églises, ajoute B. Meier.
La journée de l’Europe, le 9 mai.
Pour qu’un nouveau rideau de fer ne se dresse pas au milieu de L’Europe, le réseau Ensemble pour l’Europe, sous l’impulsion notamment de Jeff Fountain, s’est engagé pour la journée de l’Europe, le 9 mai, où tant de rencontres ont eu lieu. L’Europe a besoin de notre prière. Plusieurs chemins de prière ont été mis en place, ce 9 mai.
En France, Gérard Testard a constaté un certain désengagement par rapport aux actions d’Ensemble pour l’Europe, alors qu’au commencement des foules se rassemblaient. « Sommes-nous victimes du désamour par rapport à l’Europe, se demande-t-il ? Les mouvements vieillissent et les jeunes ne se sentent plus concernés. » Mais la lumière revient avec les rencontres autour du 9 mai. Une dizaine de villes en France ont organisé, cette année, de belles rencontres. Et dans de nombreux pays, la Journée annuelle de l’Europe est devenue une occasion privilégiée pour la présence publique d’Ensemble pour l’Europe.
Actions dans divers pays
Remarque : Les lignes qui suivent ne sont pas de ma plume (j’ai dû rentrer en Suisse, samedi à midi), mais du communiqué de presse envoyé par le secrétariat d’Ensemble pour l’Europe.
Dans les témoignages brefs et colorés de différents pays européens, l’approche concrète de ce réseau de relations se manifestait : En Hongrie, il pousse les chrétiens de confessions différentes à se tourner vers les personnes dans le besoin et dans l’isolement, même dans les camps de transit pour réfugiés.
En Autriche, il encourage les membres de différentes communautés à dépasser leurs frontières, à rechercher des contacts avec les chrétiens de Slovénie et d’Italie et à travailler ensemble pour répondre aux besoins actuels dans leurs régions.
Un regard en Suisse a montré combien les groupes régionaux du réseau Ensemble pour l’Europe travaillent ensemble sur place pour promouvoir une nouvelle passion pour un engagement actif en Europe. (Voir en annexe le témoignage complet des actions en Suisse)
Des récits de voyage d’un groupe d’Allemands en Ukraine et une initiative de chrétiens et de musulmans en France ont montré la diversité et l’ampleur de l’engagement social. Les membres engagés du réseau ont aussi rendu compte d’initiatives de prière et de pèlerinages pour la paix, pour la compréhension mutuelle et la réconciliation.
La Journée s’est terminée par une procession aux chandelles
Gerhard Pross, modérateur du Réseau Ensemble pour l’Europe, a esquissé les perspectives d’avenir : « Il s’agit de résister à la tentation de développer de nouvelles structures organisationnelles et d’approfondir le thème de la réconciliation. Dans le climat actuel de déception, de perte de crédibilité des Églises et de manque d’optimisme, il y a une grande opportunité pour témoigner des expériences positives entre ministères et charismes, entre hiérarchies ecclésiales et expressions charismatiques de la vie dans les mouvements. Dans ces temps difficiles, nous voulons être un signe prophétique pour une coexistence crédible en Europe ». |
Avoir le courage de la justice
Dans l’après-midi, Pavel Fischer, sénateur de la République Tchèque a apporté une contribution importante à la dimension sociopolitique d’Ensemble pour l’Europe. Il a brossé un tableau actuel de l’engagement en faveur de la liberté et de la dignité humaine dans le contexte d’une société européenne fortement influencée par les médias. « Nous devons devenir des citoyens actifs, avoir le courage de défendre les autres, les faibles, de parler pour la justice ».
Il a invité l’auditoire : « Les chrétiens en Europe peuvent contribuer à rendre audible la diversité des voix et les multiples facettes d’un thème ».
A la fin de la journée, le Père Heinrich Walter, du Mouvement Schoenstatt, a fait le point :
« L’Europe a besoin de cet esprit positif car il y a déjà assez de messagers du désastre ! »
Le groupe a ensuite quitté la mairie pour l’église luthérienne Sainte-Anne, où la déclaration commune sur la doctrine de la justification a été signée en 1999. C’est là que la journée s’est terminée par une prière œcuménique et une procession aux chandelles allumées en souvenir du tournant pacifique de la chute du mur. Sur la place devant l’église, le jubilé s’est terminé par des chants et une bénédiction.
Dans l’Église S. Anne
Plus d’informations sur l’événement et des photos de presse gratuites sont disponibles sur le site :
Annexe : « En chemin ensemble » en Suisse
Lors de cette rencontre, Élisabeth Reusser, Marco Würgler et Martin Hoegger, membres du comité de « En chemin ensemble », ont partagé l’activité de cette branche d’Ensemble pour l’Europe. Voici leur contribution :
« En 15 ans de « En chemin ensemble », nous considérons l’aspect œcuménique comme une priorité: « que tous soient un, afin que le monde croie« . C’est également ce qui est exprimé dans notre Charte. D’autres initiatives et projets sont nés : par exemple les journées d’études à l’Université de Fribourg, l’EXPLO à Lucerne, des groupes régionaux dans des villes telles que Bâle, Berne, Lucerne et Zurich.
Réflexion sur l’Eucharistie
Notre « Conférence de Montmirail » qui a lieu tous les deux ans dans la communauté de Don Camilo, près de Neuchâtel, pour les responsables de toutes les communautés et mouvements de Suisse, sert également cet objectif. Elle offre un espace pour approfondir l’unité et la solidarité entre chrétiens de différentes dénominations et mouvements. Sur cette base de profonde confiance mutuelle, une rencontre sur l’Eucharistie et la Cène a eu lieu il y a quelques années.
Marco Würgler, Martin Hoegger et Élisabeth Reusser
Deux jeunes théologiens, le P. Raffael Rieger, (Schoenstatt) et Andreas Steingruber de la Communauté évangélique de Jahu, ont abordé le sujet avec beaucoup de soin et d’amour et ont approfondi la compréhension catholique et protestante. Dans des groupes de discussion mixtes, nous nous demandions : que signifie pour moi l’Eucharistie ou la Cène ?
Des expériences et des questions ont été exprimées, de manière ouverte et intense. Des célébrations de l’Eucharistie et de la Sainte Cène se sont déroulées dans une grande liberté personnelle et dans un profond amour mutuel. La souffrance des Églises séparées est toujours là, mais grâce à un partage profond et honnête et à une célébration dans le respect mutuel, nous nous sommes rapprochés de la compréhension de la position théologique des uns et des autres.
En 2018 s’est tenue une conférence sur l’action de l’Esprit Saint dans nos communautés et nos mouvements. Un week-end où nous avons partagé « les joies et les défis de nos communautés » en toute honnêteté.
Communion autour de Nicolas de Flue
La conférence du samedi 9 septembre 2017 à Flüeli-Ranft, lieu de Nicolas de Flue, a marqué une étape importante de notre réseau en Suisse. Avec les 260 participants nous nous sommes demandé au travers des conférences, des échanges et une table ronde : que signifient la vie et l’œuvre de Frère Nicolas ? Qu’est-ce que ce chrétien d’avant la Réforme peut nous dire à nous-mêmes, à nos Églises, à nos communautés ecclésiales…et à notre démarche d’« En Chemin ensemble » ?
Déjà dans le groupe interconfessionnel de préparation à cette journée nous avons fait l’expérience très forte que, sur la base d’un pacte d’amour réciproque, des formes de spiritualité et de convictions très différentes peuvent cohabiter.
En cette année 2019, en tant que comité, nous apprenons à connaître de nouvelles initiatives de vie spirituelle et communautaire. Nous avons vécu chacune de nos rencontres dans une autre communauté encore inconnue afin d’approfondir une des idées de base d’Ensemble pour l’Europe : connaître et apprécier les charismes des autres.
En janvier 2020, nous aurons une retraite pour comprendre où nous en sommes et comment notre chemin commun peut continuer.
Défis
« Comment garder vivant le feu du début et transmettre aux jeunes la passion de l’unité ? Nous avons le charisme, mais nous ne devons pas perdre le dynamisme », s’est demandé Marco Würgler.
Nous avons aussi à trouver des personnes qui peuvent participer activement au comité, qui ne sont pas déjà « surchargées » par leur profession et leur propre communauté.
Nous avons aussi eu toute une réflexion sur le terme Ensemble « pour » l’Europe, lequel ne correspond pas à notre compréhension. Il nous a paru que d’autres termes expriment mieux notre engagement : Ensemble « en » Europe, ensemble pour les citoyens dans notre société européenne. C’est ainsi que nous voulons continuer à faire rayonner cette expérience de communion qui est un grand don que le Christ nous fait, mais aussi une responsabilité à laquelle il nous appelle.
Martin Hoegger
www.hoegger.org – martin.hoegger@gmail.com