En maraude avec les JPMU

Lyon, Strasbourg, Toulouse… poursuivant leurs actions, les Jeunes Pour un Monde Uni (JPMU) – en écho à l’appel du pape François- cherchent à aller vers ceux qui « habitent les périphéries », là où il fait sombre et froid, pour témoigner de fraternité. Retours de visites aux sans abris.

Lyon, 14 décembre

P1050188« 25 jeunes et moins jeunes de 7 nationalités différentes se retrouvent pour une action cadeaux de Noël destinés aux personnes de la rue. Trier, répartir, emballer habits, jouets et nourriture, au-delà de leur diversité flagrante, tous sont réunis par un but commun : être attentif aux plus délaissés. Malgré un début incertain, les sacs se multiplient au point qu’il faut emprunter deux caddies de supermarché pour réaliser notre virée dans le centre ville !

P1050183Certains viennent uniquement pour les préparatifs, y compris des voisines de l’immeuble attirées par le mot de présentation affiché dans le hall. D’autres rejoignent la troupe en cours de route pour rechercher des personnes dans le besoin, distribuer des cadeaux et surtout échanger avec chacun paroles ou gestes lorsqu’aucune langue commune n’est possible. Quelques jouets sont mis de côté pour une famille syrienne hébergée dans l’école voisine tandis que le surplus de vêtements – plusieurs sacs – rejoint le stock de Notre Dame des sans abris. La journée se termine autour d’un bon repas chaud préparé à l’avance avec beaucoup d’attention : belle réciprocité ! »

smu2014-2Strasbourg, samedi 18 janvier

« 15 jeunes se réunissent l’après-midi pour la 2e ‘’opération sans-abris’’ de l’année. Nous préparons des sachets de gâteaux et quelques thermos de boissons chaudes pour aller les distribuer aux personnes de la rue. Tout le monde met la main à la pâte pour réaliser des recettes parfois inédites en plus des traditionnels gâteaux au chocolat, cookies et autres gourmandises. Au fur et à mesure de notre travail, les langues se délient : beaucoup d’entre nous sont là pour la première fois et nous faisons mieux connaissance… Quand tout est prêt, coupé, emballé, nous nous séparons en 2 groupes pour ne pas effrayer les gens que nous allons voir. Sur le chemin, au lieu de détourner les yeux, gênés, quand on les croise, cette fois, nous les cherchons activement du regard. La rencontre est simple : ils acceptent toujours avec plaisir un café chaud. Au bout de quelques mots, souvent naissent de beaux échanges. Car ces gens ont soif de parler, d’être écoutés. Paroles parfois confuses mais aussi récits de parcours chaotique, avis politiques parfois affirmés, témoignages d’un quotidien violent ou interprétation philosophique du simple mot « bonjour »… On parle voyages, recherches de travail infructueuses. D’incompréhension. Quelques mots en hongrois, bulgare, polonais et parfois juste un « merci » mais qui vient du fond du cœur. Si ce ne sont pas les mots, il reste encore les sourires sur les visages, les yeux éteints qui prennent soudain vie quand on les regarde vraiment, et aussi la reconnaissance : beaucoup sont touchés de la spontanéité de notre action. On finit en musique, sur un air de guitare bulgare. Des passants s’arrêtent, certains dansent ! Nos amis d’un jour forment parfois une vraie « communauté sdf » où on sent de l’entraide, on va alors les voir tous ensemble ; mais nous allons par 3 au maximum rencontrer les personnes seules.

Nous repartons touchés au plus profond de nous-mêmes. Nous n’avons rien fait d’extraordinaire mais ces rencontres simples, dépouillées, ramènent la paix au fond du cœur. Comme dirait Jacques, 62 ans : «  Je n’ai pas d’espoir, mais j’ai de l’espérance.«  »

 

Même esprit à Toulouse

« En lançant l’invitation aux JPMU de faire des maraudes un dimanche après-midi, on appréhendait tous un peu car aucun de nous n’avait l’habitude de ces rencontres. Finalement on était 9. On s’est réparti gâteaux faits maisons, soupes, café, thermos d’eau chaude, vêtements chauds et croquettes pour chien. Quelques-uns ont même cuisiné ensemble un peu plus tôt dans l’après-midi. On s’est divisé en 3 groupes en prenant chacun une direction différente.

En nous remerciant pour le café, certains nous invitaient à continuer notre chemin pour aller voir leurs « copains » ; une solidarité pour leurs collègues de trottoir qui nous a touchés. Le soir, au retour de la messe et autour d’un vin chaud, débriefing et questionnement : comment développer à plus grande échelle les relations avec ces personnes ? L’idée est venue de nous engager dans l’opération naissante des  » cafés suspendus  » qui propose aux cafés que des clients paient deux cafés pour un seul consommé afin d’en faire bénéficier ceux qui n’auraient pas de quoi s’en payer. Notre défi est d’instaurer cette tradition napolitaine dans la ville rose ! »

Alexis et Clément BARON, Alice GINESTE, Benoit GARNIER