Fête des mères solidaires Edition 2025

Belle mobilisation des membres et amis de AMU-France en ce week-end de la fête des mères pour une nouvelle édition de la Fête des mères solidaires.
Plus de soixante bénévoles se sont retrouvés les 24 et 25 mai, dans trois secteurs de la Haute-Savoie, pour effeuiller, emballer et vendre 2500 roses de toute beauté sur 35 points de vente répartis dans 11 ensembles paroissiaux.
Pourquoi cette action ?
Depuis plus de 16 ans, l’association AMU-France organise une vente de roses pour financer les frais de scolarité de jeunes défavorisés et particulièrement des filles, du diocèse de Bukavu, à l’Est de la république démocratique du Congo. Dans cette belle et riche région d’Afrique, la population vit un drame sans fin, qui a provoqué la mort et le déplacement de millions de personnes.
Lors de son voyage, en 2023, le Pape François avait rencontré les victimes de cette région qui depuis des décennies est déchirée par la guerre entre groupes armés manœuvrés par des intérêts économiques et politiques. Les gens vivent dans la peur et l’insécurité, « sacrifiés sur l’autel des affaires illicites », avait dénoncé François, confiant avoir été bouleversés par leurs témoignages, notamment ceux des femmes … « Avec eux, j’ai dit « non » à la violence et à la résignation, « oui » à la réconciliation et à l’espérance », a-t-il affirmé.
Le Pape avait également dénoncé le «fléau du travail des enfants», et la marginalisation des filles, rappelant combien « l’éducation est fondamentale ».
Avec AMU, nous nous efforçons d’apporter une contribution concrète à ce défi de l’éducation. La réforme scolaire lancée en 2019 se met lentement en place et l’accès à l’enseignement reste très inégalitaire.
La situation de la région s’est malheureusement encore dégradée avec l’attaque qu’a lancée en janvier, le groupe armé M23 contre les villes de Goma et Bukavu. Dans ce moment critique, nous voulons plus que jamais témoigner notre solidarité aux côtés de la population locale. Nos contacts nous témoignent l’importance que représente pour eux ce soutien.
Concrètement, comment fait-on ?
Nous avons signé des conventions de partenariat avec le coordinateur de l’enseignement catholique du diocèse de Bukavu, et avec le co-président de l’association Kinyabuguma. L’intégralité de l’argent récolté leur est reversée.
Pour assurer une totale transparence, les établissements scolaires nous fournissent la liste des élèves boursiers, un reçu confirmant le paiement des frais de scolarité ainsi que les relevés de notes des élèves. Nous recevons des lettres touchantes des élèves.
Plusieurs jeunes boursiers et boursières d’AMU sont désormais diplômés et contribuent par leurs activités professionnelles au développement de leur pays. Et certains s’engagent à leur tour à aider des jeunes défavorisés à poursuivre leurs études.
Et en Haute-Savoie ?
La vente de roses a lieu simultanément dans plusieurs paroisses de Haute-Savoie et de nombreux bénévoles sont heureux de donner un coup de main à cette occasion. Nous essayons donc par la même occasion de contribuer à promouvoir la fraternité avec les Hauts-Savoyards et les habitants de ce diocèse d’Afrique. L’accueil par nos prêtres en général, et par les paroissiens est chaleureux : “Vous êtes attendus” confiait une personne.
Les bénévoles répondent avec une grande fidélité et nous sommes entourés d’un bon groupe de personnes de confiance qui prennent la responsabilité des différents points de vente.
La préparation des roses et leur vente sont l’occasion de partages joyeux et enthousiastes et d’expériences encourageantes. Pour le secteur du Chablais nous nous sommes retrouvés nombreux, de quatre à quatre-vingt ans, dans notre jardin, à effeuiller et emballer les roses, et comme chaque année, il a fait beau !
Grâce au bénéfice réalisé à l’occasion de cette vente, nous pouvons espérer contribuer à la scolarisation de 80 jeunes.
Nos perspectives :
- Sensibiliser davantage de jeunes de nos familles, de nos quartiers, du Mouvement des Focolari, et les associer à cette action.
- Contribuer à dénoncer le drame que vit la population de cette région depuis tant d’année.
- Encourager d’autres groupes à développer cette action dans d’autres régions.
Quelques fiorettis :
Des souffrances de part et d’autre de la frontière
Dimanche matin, avec mon mari Jean-Marc, nous assurons la vente à la sortie d’une messe à Thonon. Nous connaissons bien le prêtre, que nous considérons comme un ami. Il est rwandais. Au moment de l’annonce, je fais une allusion au fait que le Congo est un pays voisin de celui de notre curé. A la sortie, il me glisse « pays voisin mais non pas ami ». Je le sens contrarié. Je regarde dans notre seau : tout est vendu ! Il ne reste pas une rose ! J’aurai aimé lui en offrir une. Nous sommes en train de ranger lorsque nous voyons une dame revenir vers nous une rose à la main : « Je vous ai acheté cette belle rose mais je ne rentre pas tout de suite chez moi car je vais me promener. Elle va s’abîmer dans mon sac, ce serait dommage. Je préfère vous l’offrir car je vois que vous vous donnez beaucoup de mal. » Et voilà la rose souhaitée qui se retrouve entre nos mains ! Notre curé est encore là. Je file la lui donner : « Je t’offre cette rose en hommage à Marie, notre maman du Ciel ». Il l’accepte volontiers et semble touché. Le lendemain, il a rendez-vous chez nous car Jean-Marc lui donne des cours de guitare. Jean-Marc est retardé et nous prenons un moment pour parler. Il exprime sa souffrance de voir son pays engagé dans cette guerre fratricide contre son voisin congolais. Il m’explique ce qu’il connaît de la genèse du conflit, qui correspond bien à ce que nous ont dit nos partenaires. Il se désole que son pays qui a tant souffert devienne à son tour l’agresseur et provoque tant de souffrances dans la population. Je suis heureuse de ce moment de partage qui a permis de dissiper le malaise que je ressentais.
Au cours du week-end, nous avons pu recueillir plusieurs réactions de prêtres rwandais profondément touchés par ce drame.
Une caisse bien garnie
Une fois la vente réalisée, il faut regrouper rapidement les caisses des différents points de vente dispersés dans le Chablais. Une responsable d’un point de vente me donne rendez-vous lundi matin à la messe au Monastère de la Visitation de Thonon. Mon premier sentiment est de lui proposer un autre moment. En effet, je viens d’enchaîner trois messes dans le week-end ! mais une petite voix me suggère d’accepter sa proposition. Nous nous retrouvons donc lundi matin à la sortie de la messe et elle me remet la caisse. A ce moment, une personne d’un village voisin s’approche de moi :
« Vous vous occupez de la vente des roses ? Je n’ai pas pu venir hier et je voulais faire un don.»
Elle me remet un billet dans la main : 200 € qui viennent généreusement garnir la caisse. Je la remercie chaleureusement et me félicite intérieurement d’avoir bien écouté la petite voix.