La fraternité en politique est-elle encore possible ?

Oui, comme partout ailleurs, la fraternité est possible en politique; elle est même souhaitable et exigeante. Tel est le message du colloque sur ce thème qui s’est tenu à Strasbourg du 13 au 15 mars dernier.

Italiens, Allemands, Suisses, Français, mais aussi Brésiliens, etc. ont formé une assemblée (au sens grec «ecclesia», assemblée des citoyens de la cité grecque), attentive et suggestive, devant une quinzaine d’intervenants, tous marqués par tant d’exigence.

Répondant à l’appel du Centre de l’Oeuvre des Focolari à Rome pour marquer l’anniversaire de la mort en 2008 de Chiara LUBICH, ce colloque a dépassé en préoccupation la dimension locale que pratiquent habituellement les membres du Mouvement politique pour l’unité (MPpU), pour entrer en profondeur dans la dimension politique au service du bien commun.

C’est là que réside l’exigence de ce colloque : on est allé bien au-delà de faire le point « à chaud » sur la question de la fraternité, pour vivre une expérience partagée de fraternité jusque dans l’approfondissement du sens du 3ème pied du triptyque républicain français.

Des hommes politiques de droite et de gauche, un universitaire, un iman, un médecin-gériâtre, un collectif associatif… ont livré leurs expériences respectives d’agnostiques et de croyants. Les 120 participants, par leurs questions, ont révélé au-delà de leur expérience personnelle leur soif d’approfondir ce que recouvrent réellement la fraternité et son champ immense à investir…

Quelle sera la suite de ce colloque très dense, auquel Lyon (une trentaine de personnes) et probablement nombre d’internautes individuels se sont reliés ?  C’est tout l’enjeu d’une prise de conscience : éviter le repli sur ses propres conceptions, sur sa volonté de tout maîtriser… pour s’ouvrir à l’autre, y compris dans la réflexion. C’est alors que la fraternité devient un outil opérant et s’invite, avec discernement, dans nos relations : tout ce qui est humain me ressemble et devient atteignable.

Il va sans dire que cela va demander un effort à tous, un dépassement de soi –y compris aux organisateurs du colloque! Mais à plusieurs, pour se mettre en route, ne suffit-il pas d’abord réciproquement d’y consentir?

A cet égard, le colloque de Strasbourg marque un point de départ et une direction à suivre : bâtissons des réseaux de fraternité, donnons naissance à des «îlots de fraternité», où expérience et réflexion se soutiennent pour avancer vers une humanité nouvelle.

Didier DASTARAC