Les premières paroles d’Emmaüs et de Jesús

La présidente et le coprésident partagent à l’Assemblée ce qu’ils ont à coeur dans ces premiers jours qui suivent l’élection.

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Emmaüs : «Je pense qu’il n’est pas nécessaire de nous présenter ; vous nous connaissez suffisamment. Nous pouvons cependant vous raconter comment nous avons vécu ce moment et ce que nous avons à cœur. Je l’ai vécu comme un parcours avec Jésus au milieu ; j’ai toujours été dans la paix et dans la certitude que Dieu portait de l’avant les choses, du premier au dernier instant. Quand mon nom est sorti avec la majorité requise, je n’étais pas troublée – et je ne me rappelle d’ailleurs plus le nombre de votes pris ; en fait, cela ne m’intéressait pas – car je sentais que nous marchions ensemble vers une conclusion, la conclusion voulue par Dieu mais qu’il fallait y arriver ensemble et que nos pas étaient donc beaucoup plus importants que le résultat final.

Je n’ai pas dormi la nuit qui suivit l’élection car la crainte m’est venue – non pas celle de Dieu car elle était déjà présente auparavant – mais la crainte d’affronter ces nouveaux six ans, pensant aux nouveautés qui se seraient présentées, pensant au fait d’avoir un âge certain, même si en ce moment les forces ne me manquent pas mais pour combien de temps encore ? Je me demandais « Qu’attendront-ils ? Que pourrai-je faire ? » : Ces pensées m’agitaient durant la nuit et m’empêchaient de trouver le sommeil. J’ai pensé alors que l’unique chose à faire était de me mettre dans les mains de Marie Désolée : j’ai cherché de le faire avec tout mon être et de lui dire : « je suis ici pour t’aimer, pour aimer les popi, pour aimer toutes les personnes de l’œuvre, je suis à ta disposition pour le temps que tu veux, dans la position que tu veux, comme tu voudras ». Cela m’a tranquillisée.

Maintenant il me vient de faire une comparaison avec la lettre que j’ai écrite le 7 juillet dans laquelle j’exprimais les sentiments de joie, de gratitude et de nouvel élan. Ils sont encore là tous les trois !

Gratitude pour tous ceux qui ont collaboré avec moi durant ces six années écoulées, Tous et toutes, personne n’est exclu. Gratitude qui s’ajoute maintenant à tous ceux qui sont en train d’exprimer leur adhésion à vouloir continuer cette collaboration, à vouloir mettre leur vie à la disposition de l’œuvre ici au Centre. La gratitude a augmenté tant en amplitude qu’en intensité.

Joie. Joie car j’ai vu l’action de l’Esprit-Saint. J’ai vu Dieu nous porter de l’avant. J’ai vu tout le bien que l’Oeuvre a témoigné et témoigne encore. J‘ai vu surtout que l’écoute réciproque contient de nombreuses grâces de Dieu et quelle puissance a Jésus au milieu dans la construction des réalités avec Lui au milieu : je L’ai vu en action dans cette Assemblée ; cette joie s’est donc aussi développée.

Elan nouveau. Nouvel élan pourquoi ? Parce que s’est confirmé ce que je disais dans la lettre : je suis certaine de l’amour de Dieu et Dieu seul m’intéresse. Nouvel élan dans l’amour à Jésus abandonné et la méditation de ce matin me le confirmait. La liturgie de ce matin nous disait que nous portions un trésor dans des vases d’agile. Nous savons qu’ils sont d’argile et qu’ils peuvent se rompre à tout moment mais ces vases contiennent un trésor, le trésor de cet amour de Dieu pour nous. Amour qu’Il nous demande reverser sur l’humanité dans l’amour à Jésus abandonné. Nouvel élan donc dans l’amour à Jésus abandonné qui se présente sous milles visages de l’humanité – comme nous l’avons vu et comme nous continuons à le voir durant ces jours dans les tragédies que les hommes provoquent et qu’ils subissent -. Douleurs aussi que présentent les visages de Jésus abandonné dans l’œuvre, chez celui peut-être qui n’est pas complètement satisfait de cette élection car il s’attendait à une nouveauté plus décisive et qu’il aurait fallu plus de courage…  Voilà une douleur que j’assume en moi et que – j’en suis certaine – nous assumons tous ensemble pour la construction de l’unité de l’œuvre et que nous voulons le consoler avec notre Jésus au milieu car – comme le dit Chiara – seul Dieu peut consoler Jésus abandonné.

Jésus abandonné donc en dehors de l’œuvre (même s’Il n’existe pas en dehors d’elle car l’Oeuvre est l’ut omnes) et dans toutes les douleurs de l’Oeuvre».

Jesús : « Je me suis rappelé d’avoir lu un épisode du Cardinal Danneels de Bruxelles. Il raconte qu’après une rencontre avec la communauté de l’Arche de Jean Vanier, en rentrant chez lui le soir, après avoir travaillé toute la journée, il est allé dans la chapelle et a dit à Jésus : « Parlons sérieusement : ce diocèse est tien ou mien ? » Jésus lui a répondu: «Qu’en penses-tu?». «Je pense qu’il est à toi». “C’est comme tu dis”. “Alors, assume tes responsabilités et moi je vais dormir”. C’est ainsi que je vis ces jours

Il y a une autre chose : il me semble important de ne pas projeter sur moi qui sait quoi, toute la nouveauté… car il ne me semble pas juste car d’abord je ne saurais répondre et je ne satisferais pas certainement toutes les attentes. Mais surtout parce que je crois que la nouveauté n’est pas là : je crois que la nouveauté est Jésus au milieu de nous, celui qui est venu en lumière et que Dieu a voulu et que cette rencontre aussi entre deux générations est Jésus au milieu entre la présidente et le coprésident dans cette nouvelle composition. Voilà la nouveauté. Pas moi. Je ne suis pas le représentant de la nouveauté et Emmaüs de la continuité. Il me semble que c’est tout autre chose de très important.

Il me semble très belle la lecture d’aujourd’hui de Paul aux Corinthiens. Il appelle à être un seul corps avec de nombreux charismes différents. C’est justement aujourd’hui que nous aurons peut-être le Centre de l’Oeuvre (qui comme nous l’avons entendu de Chiara a la caractéristique d’être le guide, le gouvernement de ce corps) avec toute la diversité qu’il porte – car il semble aller dans la direction d’une grande diversité -. J’ai été touché par les paroles de Paul qui dit à la fin : « Aspirez au don le plus haut », à l’amour. Je dirais, aspirons au don plus haut qui est Jésus au milieu de nous.

Alors je crois que sur cette base nous pouvons dormir encore des nuits tranquilles ».