Mariapolis de Ressins : faire famille dans la diversité

On ne change pas les ingrédients de base d’une recette éprouvée, mais on la teinte d’une pointe de nouveauté qui renouvelle sa saveur. Aussi la Mariapolis a-t-elle de nouveau pris ses quartiers
d’été au sein du lycée agricole de Ressins, dans un environnement verdoyant et paisible. L’équipe de bénévoles a, patiemment et à distance, construit un programme diversifié et intergénérationnel.
D’entrée de jeu, les animateurs, Vivienne et Louis, ont invité chacun à s’inscrire dans une dynamique : s’entraîner à devenir des champions d’unité afin de chercher ensemble comment répondre aux cris de l’humanité. La méthode proposée : la rencontre fraternelle dans la diversité des convictions personnelles, politiques ou religieuses.
Ainsi, après la messe d’ouverture, tous ont commencé à cultiver l’esprit de famille par un apéro, une soirée jeux, des olympiades adaptées à tous. En parallèle, des thèmes issus de la spiritualité
de l’unité donnaient la ligne directrice de la journée.
« Les deux premiers jours permettaient de se recentrer, d’être davantage à l’écoute de soi, car le changement commence déjà par soi », précise Hélène. S’arrêter pour avancer, puis réfléchir à quelles sources puisent nos actions. Si, pour beaucoup de participants, la foi, ses rituels et ses textes constituent l’une de ces sources, pour d’autres, comme Jean-Baptiste, qui a pris ses distances avec l’Église catholique, la famille devient la principale source d’énergie. « Nous avons transmis à nos enfants le plus important : l’amour de son prochain, quel que soit le nom que l’on
donne à Dieu ; même si on ne croit pas, tout tient dans cette phrase : aime ton prochain comme toi-même. » Investi dans la préparation de la Mariapolis, il témoigne : « Le fait que je sois ou non croyant n’a jamais été un sujet, preuve que nous nous retrouvons sur l’essentiel : le vivre-ensemble. Chacun a son rôle à jouer. Depuis quarante ans, je vois que le Mouvement évolue vers davantage d’ouverture aux autres religions et aux non-croyants, sans perdre son essence ni le cœur de son engagement. Les Focolari sont un peu comme moi : des racines chrétiennes
solides, mais qui n’empêchent pas de grandir librement. » Delphine confirme : « En tant qu’athée, je n’avais pas de doute que je me sentirais bien, car j’avais été bien accueillie par le passé. » Touchée par l’évolution du Mouvement vers une plus grande ouverture, elle a trouvé dans les thèmes proposés des sources de réflexion et la possibilité d’aborder de nouveaux sujets en famille. Son mari, François, qui a grandi avec la spiritualité de l’unité choisie par ses parents, a apprécié la qualité des échanges, à la fois dans la légèreté et la profondeur.

« Le mouvement des Focolari est engagé dans plusieurs dialogues », a expliqué Martin Hoegger, pasteur suisse, « à l’intérieur de l’Église, entre mouvements, dans le dialogue oecuménique et
avec les personnes d’autres religions et sans convictions religieuses. Il faut construire des relations dans l’amour avant de commencer le dialogue, rechercher l’unité relationnelle. » Lors
de la rencontre interreligieuse « One human family » à Castel Gandolfo (Italie), en juin dernier (voir p. 16 à 18), le grand rabbin Marc-Raphaël Guedj avait expliqué : « Le dialogue est la conséquence de l’amour ; c’est parce que je t’aime, que je suis prêt à tout donner pour toi, que je suis prêt à pleinement t’écouter, à partager et cheminer ensemble vers une spiritualité commune
qui respecte les différences. » Les primo-participants à la Mariapolis le confirment : ils doivent leur saut dans la communauté Focolari à une relation tissée en profondeur, sur la durée. Sarah a été accueillie par sa voisine Marie-Madeleine lorsqu’elle a emménagé dans l’Essonne. « Depuis qu’elle a toqué à ma porte, nous avons construit une vraie relation d’amitié, de fraternité et d’amour »,
témoigne la jeune maman musulmane, d’origine africaine. Nouray et Albert, qui ont dû fuir la Turquie pour leur appartenance à un mouvement musulman, ont été hébergés par une famille proche de la cité-pilote d’Arny ; ils ont découvert, en dialoguant avec leurs hôtes, la proximité entre les valeurs de leur mouvement et celles des Focolari.
Dimitri, venu avec sa femme et leurs cinq enfants à Ressins, a témoigné de la difficulté d’arriver en France lorsqu’on vient du Cameroun, où la joie et la solidarité sont spontanées. Après avoir expérimenté la fraternité avec le couple qui les a accueillis, puis là, à la Mariapolis, ils croient à la réalisation possible d’un monde uni.
Tous les participants ont goûté avec bonheur au slogan du dernier jour : « Soyons une famille ».
Sarah témoigne : « C’est une très belle expérience ; je suis musulmane, noire et voilée : j’aurais pu me sentir à part, mais tous sont venus vers moi. Je me suis sentie tout de suite en famille. » Nouray atteste : « La Mariapolis m’a rappelé, une fois de plus, à quel point je faisais partie d’une grande famille. Toutes les spécificités ont été prises en compte : la salle de prière pour les musulmans, les repas adaptés aux régimes particuliers, les programmes du matin et les activités inclusives qui nous ont donné de la joie et étaient bon pour l’âme et le corps. Nous rentrons
avec le coeur rempli d’espoir pour l’avenir. »
« J’ai découvert les valeurs de fraternité, d’amour et d’union que cette communauté essaie de créer.
Nous nous retrouvons tous autour d’un Dieu commun, qui prône l’amour, la tolérance entre les cultures. Nous sommes une grande famille en humanité : je ne retiens que ça », ajoute Sarah. Avec
tous nos frères, nous sommes plus nous-même, un petit bout de cette spiritualité universelle dans le cadeau et le respect des différences » conclut Agnès-Marie. 
Marithé FASQUELLE

Tiré de Nouvelle Cité N°629 septembre-octobre 2024

Photos disponibles sur le site https://mariapolis.fr

Témoignage d'une participante