Quand la politique revient à l’essentiel…

C’est ce qui ressort de la dizaine d’intervention et des questions/réponses de cette deuxième journée au Centre Saint-Thomas de Strasbourg dont le thème était : « Partager les initiatives et les mettre en perspective ».Ce fut vraiment le cas. 

(Lien vers le site de l’événement).

Après une ouverture par Marie-Odile et Michel BATT qui ont rappelé les dix ans d’expérience strasbourgeoise du Monde politique pour l’unité (MPpU) et un amical salut à tous les participants présents et internautes, Muriel FLEURY, puis Catherine BELZUNG ont animé et coordonné la journée.

Jean-Paul RONGEARD, ancien maire de La Verrie (Vendée) a souligné comment vivre la fraternité en politique à partir des attentes de la population, avec le soutien des associations, souvent au détour de situations non prévues, mais qui dépassaient les habituels conflits, par exemple entre tenants de l’enseignement public et de l’enseignement privé, tous deux rassemblés autour d’un projet commun, porté par la Commune, d’un  unique restaurant municipal pour les élèves des deux réseaux.Le secret de l’affaire s’est révélé en cours de discussion : RENDRE L’AUTRE ACTEUR DE FRATERNITE.

André FLAJOLET, agrégé de philosophie, élu maire en 1995 de Saint-Venant (Pas-de-Calais), conseiller régional, puis conseiller général, entre en politique après une solide expérience syndicale.

Après avoir rappelé combien la fraternité dans la République est la grande oubliée de l’histoire, a relevé qu’on venait de traverser un beau moment de fraternité en janvier –moment émotif, mais équivoque, éphémère et fractionné… Ceci, révélant combien notre démocratie souffre, non de manque de discours, mais de manque de réflexion. Mais ce constat, qui peut sembler amer, l’a conduit à relever des exemples probants de fraternité vécus, tel la création d’un béguinage pour personnes handicapées, volontairement placé entre l’école de musique et l’école maternelle, ou encore la participation des parents à la définition des activités péri-scolaires et le constat que la pratique des arts martiaux ont eu un effet quasi-spontané sur la politesse des jeunes

Jo SPIEGEL, maire de Kingersheim, prit le relai en abordant les nouveaux processus décisionnels pour un mieux vivre-ensemble : « Nous sommes des analphabètes des processus de décisions ».

Comment associer les habitants dans ce processus ? La démocratie, c’est « Lève-toi et marche ».

. Son vibrant appel à la conscience de citoyen et d’élu conduit Jo SPIEGEL à une humanisation de la société, telle que la souhaitait un Vaclav HAVEL. Mais doublé d’un souci d’œuvrer pour transformer les processus et donner à chacun, à chaque niveau, un rôle à jouer.

En acceptant sa part de fragilité, en oeuvrant à une reconstruction démocratique et en s’appuyant sur son cheminement personnel, c’est ainsi que la fraternité en politique se fraie un chemin durable.

Cessons de faire pour les habitants (çà ne marche pas…), faisons avec eux. C’est ainsi que Jo SPIEGEL a décidé de substituer les réunions de quartier (peu productives…) par des « diagnostics en marchant » et des « conseils participatifs » pour rendre les citoyens actifs. Et de citer pour finir Jean JAURèS : «  Comprendre le réel, pour aller à l’idéal » .

En universitaire compétent, Antonio BAGGIO, de ‘Université SOPHIA, a attaqué une autre voie pour repérer les germes de la fraternité en politique, en se plaçant d’emblée du côté du politicien : « Quel politicien  veux-je être » ? Et de souligner combien une démarche fraternelle en politique, est difficile à construire, car elle n’ouvre pas forcément aux bonnes solutions, mais elle est un cheminement sûr pour les rechercher et les trouver.

Si on aime son prochain comme soi-même, le monde politique ne peut qu’être un terrain privilégié pour le bien commun (objet d’une question) ; alors, la fraternité et la citoyenneté peuvent correspondre. Et alors, la fraternité en politique se révèle une force exceptionnelle.

 

Bernard CRAMET, gériâtre, propose, lui, un cadre et un programme de formation de l’entourage familial et soignant des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer pour favoriser une vie nouvelle fondée sur la réciprocité et éviter les coupures entre personnes.

Quant à Saliou FAYE, imam à La Meinau, a donné cinq points, non sans talents et humour, pour donner un visage à la fraternité :

  • Source d’humanité : c’est notre patrimoine commun,
  • La lutte contre l’endoctrinement des jeunes sur de fausses conceptions de l’Islam,
  • La création d’un collectif du refus de l’endoctrinement,
  • La promotion du dialogue interreligieux autour d’une réalisation d’un « Jardin interreligieux »,
  • L’éducation à la citoyenneté, fondée sur la passion de tous les humains.

Enfin, « Vivre ensemble à Cannes » concrétisée par une marche interreligieuse sur la Croisette a donné lieu à l’attribution du prix « Chiara LUBICH » en 2015 à Rome.

 

On le voit, en une journée, la fraternité en politique a acquis plusieurs visages et portées… mais en un seul cheminement : sauver l’humain et lui ouvrir un avenir.

Et si la fraternité était le prochain rendez-vous de l’histoire ?

 

Didier DASTARAC

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