Summer school d’Economie de communion à Arny : changer son regard sur l’économie, le travail et les pauvres

La cité-pilote d’Arny a pris des allures internationales en cette fin août. On entend parler anglais surtout, mais aussi espagnol ou arabe. Le cadre est champêtre, l’ambiance studieuse, même si y règne encore un petit air de vacances. Ils ont entre 23 et 35 ans, ils sont venus de 20 pays (Egypte, Centrafrique, Philippines, Malaisie, Israël, Indonésie …). Les kilomètres ne les ont pas effrayés, l’inconnu non plus. Leur point commun ? L’insatisfaction du système économique actuel et la recherche d’idées nouvelles pour construire un monde meilleur.

Partager des idées

Pendant six jours, du 26 au 31 août, ils ont découvert ou approfondi l’Economie de communion (EdC), alternant conférences, partage d’expériences et travaux de groupes. Leur présence montre l’intérêt croissant que suscite cette nouvelle manière d’envisager l’économie autant dans les milieux universitaires que les cercles économiques.

Lenka, slovaque, est assistante à l’université. Elle effectuait des recherches sur internet dans le domaine de l’économie sociale quand elle est tombée sur le site de l’EdC. « Je viens partager des idées, des pratiques, prendre des contacts pour le futur parce qu’en groupe c’est plus facile.» explique t-elle. Si certains sont étudiants, la plupart des jeunes présents travaillent déjà. Ils sont chercheurs, ingénieurs ou gèrent leur propre entreprise, comme Emmanuel, 26 ans, qui cherche à faire évoluer son activité de négoce de vins en Thaïlande.

L’attention à la personne et aux relations

Lionel, du Burundi, explique sa surprise « Je m’attendais à entendre des théories économiques mais on nous a parlé du rapport entre l’homme et le bonheur, d’Aristote et de Platon. De toutes mes études d’ingénieur, je n’ai jamais eu de cours sur l‘Homme, et pourtant il devrait être au centre. C’était très enrichissant, cela décloisonne et nous ouvre des horizons plus larges.» Car la qualité des relations est centrale dans la dynamique de l’EdC. Son but ultime est de combattre la pauvreté en faisant des pauvres les partenaires essentiels du projet où chacun donne et reçoit. « Ici, j’ai compris ce que signifie la communion, témoigne une participante, j’ai vu qu’elle n’est pas seulement pour l’économie et l’entreprise, c’est un style de vie. » Les entrepreneurs témoignent avec passion, et parfois émotion, de la manière dont ils vivent au quotidien avec leurs salariés, leurs fournisseurs ou leurs clients. Flashs de vie, loin des idées reçues sur la philanthropie ou la simple solidarité, où le travail n’apparaît pas comme un gagne-pain obligatoire mais comme une vie qui prend sens, où l’intervention de l’Associé invisible, comme ils l’appellent, est palpable.

Une transformation du cœur

Mais comment situer l’EdC dans la myriade d’initiatives similaires, comme l’économie sociale et solidaire, le microcrédit en passant par les éco-labels en tous genres ?

La réponse est déroutante « Il n’existe pas de définition de l’Edc. C’est un processus dans lequel des personnes s’engagent, un mouvement dont on donne un cadre et des clés pour vivre. Peu à peu les personnes découvrent ce qu’ils doivent changer, partager etc. C’est avant tout une transformation du cœur, un état d’esprit qui irradie ensuite toute l’entreprise et crée la communion. » répond Luigino Bruni, un des professeurs présents, titulaire d’une chaire d’économie à l’Université Lumsa de Rome et éditorialiste au journal Avvenire. Mais cette attitude est enthousiasmante comme en témoigne Ulyana, d’Ukraine, « Je suis venue pour trouver une recette, j’ai trouvé une feuille blanche et je trouve ça extraordinaire. Car le meilleur reste à venir et à inventer. »

A entendre le tour de table conclusif, la formule est concluante et pleine d’espérance. « L’EdC exprime de façon claire et articulée ce à quoi j’aspire. » « Mon entreprise sera d’EdC. Je sens que je suis fait pour ça. » « Je vais essayer de vivre davantage l’esprit de communion dans mon travail quotidien, aller vers l’autre, écouter, plus qu’avant. »

Et l’enthousiasme est contagieux : « Je veux faire connaître l’EdC autour de moi, à l’université, écrire des articles et organiser une summerschool dans mon pays. » Les prochaines dates sont d’ailleurs déjà fixées : Nairobi (mai 2015), Prague (août 2015), San Paolo, octobre 2015.

Lire les résumés jour par jour et voir les photos : edc-online.org et sur FB : Eoc summerschool