Toulouse : Oui à l’Europe

Le 11 mai 2019, une conférence sur l’Europe était proposée à Toulouse par « Ensemble pour l’Europe », rassemblement de plus de 300 Mouvements chrétiens des diverses Églises, qui se retrouve depuis plus de 20 ans dans diverses villes européennes pour redonner des racines chrétiennes à notre Continent et  construire son avenir.

Gérard Testard, membre du comité d’orientation européen, a fait un exposé qui a éclairé les  personnes présentes en montrant l’importance de l’Europe, l’influence des décisions européennes sur notre vie quotidienne, et la contribution possible des chrétiens pour construire l’avenir de l’Europe avec des valeurs telles que l’unité, le bien commun, la solidarité, la coopération…

En Ukraine, production de bottes en laine bouillie

Dans sa conversation, il n’a pas éludé les crises qui ont ébranlé l’Europe et celles qui la secouent actuellement : la crise de la Lybie et de la Corne de l’Afrique, les difficultés en Ukraine, la question du Brexit sont problématiques ; la Grèce commence à émerger grâce à la solidarité européenne ; il y a la crise syrienne – pensons aux couloirs humanitaires lancés par San Egidio : en France, de petits essais commencent en lien avec le Secours catholique et la Conférence des évêques- …

Et il a pointé de nombreux défis à relever ensemble: la lutte contre les populismes – des murs sont revenus ! – ; la question migratoire, qui appelle la nécessité conjointe de légalité et de solidarité ; le problème de la pauvreté ; la question de la sécurité ; le souci du réchauffement climatique ; le danger du communautarisme rampant.

L’Union européenne a investi pour les communications, pour la circulation des personnes. Elle est première pour l’humanitaire. Des avancées comme Erasmus, le GDPR (règlement général sur la protection des données) sont des réalisations européennes.Quand l’Europe est unie, elle peut beaucoup, aussi dans sa mission vis-à-vis de l’évolution du monde !

Pour cela, l’aspect spirituel ne doit pas manquer : les Pères de l’Europe étaient chrétiens. On parle des « racines chrétiennes » par rapport à l’Islam. Mais il faut surtout mettre en lumière et en actes notre proposition chrétienne « inculturée », et cela est devant nous.

Vierge de Notre-Dame de Paris

Pensons aux réactions devant l’incendie de Notre-Dame de Paris, l’émotion a été européenne et même mondiale: foi et histoire y sont liées.  Aujourd’hui, nos communautés ont la responsabilité de continuer l’histoire. Pour cela, le christianisme doit entrer dans la culture. Attention à la déculturation ! Tandis que la laïcité concerne la neutralité de l’État, soyons chrétiens en actes et paroles, engagés dans la formation professionnelle, dans le dialogue entre les religions, etc. Prenons parole et place dans l’espace public

Notre Europe est composée de peuples, religions et convictions diverses. Gérard Testard affirme donc : « Je ne suis pas pour une Europe chrétienne mais pour une Europe inspirée par le message évangélique. » Rappelons-nous par exemple le message du Pape François à la COMECE : « la plus grande contribution que les chrétiens puissent apporter, est de rappeler à l’Europe qu’elle est un ensemble de personnes ».

 

  • Comment donner une âme à l’Europe ? L’Esprit saint souffle à la jonction des enjeux du monde. Les chrétiens en particulier peuvent y insuffler jour après jour l’esprit de fraternité.

Nous en sortirons-nous si nous sommes frileux en matière de solidarité et de développement avec « cousine » Afrique ? Allons plus loin en matière d’écologie, de pluralité, d’hospitalité : « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. » (Héb. 13,2)

 Nous décentrer et tourner notre regard vers le monde… Pour qu’il n’y ait pas la victoire des communautarismes, il faut un monde commun. A-t-on conscience que dans le monde, par le fait du terrorisme, il y a encore plus de victimes chez les musulmans que chez les chrétiens ?

Notre société est fragmentée. L’altérité est désormais le point prioritaire ! L’altérité comme capacité à aller vers l’autre, vers le différent, aller vers l’autre comme « autre ».

Europe, lève-toi ! Ne cheminons pas comme le jeune homme riche dans l’Évangile. Ne partons pas tristes ! Notre agir et notre parler, s’ils sont pétris de notre foi, sont et seront prophétiques et, en conséquence, nécessaires au politique. En effet, la construction européenne, comme le disait Jean Monnet, ce n’est « pas coaguler des États mais unir des peuples ».

Pour l’Union européenne, ayons à cœur sa devise: « L’unité dans la diversité »,

et recevons comme une promesse son chant : « L’hymne à la joie ».

Le 17 mai 2019, Rose-Line Coureau