Une Mariapolis pour grandir et pour respirer

Mariapolis, « ville de Marie », village idéal ouvert à tous quel que soit son âge, son histoire ou ses convictions. Parmi les 300 habitants de cette cité éphémère, érigée comme depuis deux étés
dans la Loire, au lycée agricole de Ressins, le plus jeune avait un mois et les doyens 93 ans.

Grâce à une organisation aussi efficace que discrète et de multiples petites mains, tous les « villageois » ont pu se ressourcer, échanger et passer un temps de loisir à la carte, dans une ambiance détendue. Les 87 mineurs, pris en charge par des équipes d’animation dans quatre groupes d’âges, ont suivi leurs activités propres le matin, rejoignant leurs parents ou grands-parents, ainsi que les jeunes adultes, le reste de la journée.
Lors de la soirée des Talents, le mercredi, de jeunes musiciens, danseurs ou magiciens se sont succédé sur scène et Louis, un des aînés du groupe, a fait chanter toute la salle. Un jeune a composé
une chanson pour la rencontre, dont le refrain « À la Mariapolis » est appelé à devenir un tube ! Le lendemain, sur la piste de danse, chaque génération a pu partager avec les autres ses chorégraphies préférées.
La Mariapolis est un temps de vacances, certes, mais propose aussi des occasions de grandir, à travers le thème retenu : « Architecte de sa vie intérieure et bâtisseur d’unité ». La première
journée, intitulée « J’ai rendez-vous avec vous », a révélé qu’au-delà des retrouvailles et des rencontres qui font le sel des journées, « c’est Dieu qui donne rendez-vous, à travers chacun », comme l’a résumé une participante. Dominique Fily a proposé quelques pistes pour « être parents aujourd’hui ». Le formateur a listé tous les besoins de nos jeunes aujourd’hui : des repères, de la sécurité, des modèles cohérents, des règles, des paroles optimistes… « Je crois en toi, j’espère en toi et je t’aime tel que tu es », a-t-il résumé devant un parterre de parents et de grands-parents.
Les jeunes ont proposé une sensibilisation aux questions environnementales, avant la journée de balade dans un arboretum.
Un temps sur les crises de soi a permis d’entendre des témoignages de choix délicat dans la vie professionnelle. Comment s’arrêter quand les soucis de santé menacent et continuer de transmettre son savoir-faire ? Comment se réorienter dans son travail pour être plus disponible auprès de sa famille ? Des récits en vérité, comme lors de la matinée consacrée au sujet délicat du pardon. Dans son exposé, Bernard Cramet a admis la difficulté de ce geste. « Si nous avons fait une erreur, nous ne sommes pas une erreur.
Le pardon est un acte gratuit qui ne dépend que de moi, même s’il n’aboutit pas à la réconciliation. »
Deux récits ont mis en lumière la difficulté de cette aventure humaine d’apaisement. « Je suis un intermittent du pardon », a avoué Jean-Marc, après avoir exposé son expérience douloureuse de division familiale après un héritage injuste. Marie-Cécile a ému l’assistance en racontant comment, après un très long silence, le dialogue a pu être renoué entre son ex-mari, elle et leur fille. Le climat de confiance bienveillante du rassemblement offre un cadre privilégié pour poser devant autrui des histoires personnelles et des chemins spirituels, pas toujours conclus par des happy ends. Les crises que vit l’Église ont également été abordées.
On aurait grand tort de réduire la rencontre à ses moments de gravité. C’est à Antoine, 21 ans, qu’a été confiée avec bonheur l’animation des matinées, dans un duo très efficace avec sa mère. L’étudiant nantais, qui avoue « avoir toujours aimé faire rire », a pleinement réussi sa mission. « Le premier jour, j’ai reçu des remerciements et beaucoup d’amour.
Je suis heureux d’avoir rendu des gens heureux. Me donner ce rôle a été un beau cadeau. » La dernière soirée a permis de mettre en scène, avec humour, tous les petits travers de la vie commune et du Mouvement. Toutes les générations ont pu ensemble chanter à pleins poumons Révolution, patrimoine de l’aventure focolari. Preuve qu’il est possible de garder le cap de l’ouverture et de la fraternité, tout en sachant toujours se renouveler.
Dans l’attente d’une nouvelle édition sur le même site l’été prochain, l’assistance a été invitée, à l’heure de se dire au revoir, à garder cet élan. « Il ne tient qu’à nous de continuer à être une famille et à prendre soin de la maison commune », a-t-on entendu lors de la messe finale.

Tiré de Nouvelle Cité septembre-octobre 2023

Les replay des interventions, ainsi que les photos sont sur https://mariapolis.fr/direct