Maria Voce à l’ONU : la guerre est l’irreligion

Intervention de la présidente des Focolari, Maria Voce, aux Nations-Unies dans le débat de haut niveau “Promouvoir la tolérance et la réconciliation”.

La rencontre entre cultures crée une identité nouvelle 

« Dans le mouvement des Focolari, explique Maria Voce, la rencontre entre cultures et religions (Christianisme, Islam, Judaïsme, Bouddhisme, Hindouisme, religions traditionnelles) est une expérience permanente et féconde qui ne se limite pas à la tolérance ou à la simple reconnaissance de la diversité. Elle va au-delà de la réconciliation, pourtant fondamentale, et elle crée, pour ainsi dire, une nouvelle identité, plus large, commune, et partagée. » « C’est un dialogue efficace, dit-elle, qui implique des personnes de convictions les plus variées et même non religieuses. » Un dialogue qui les pousse à relever ensemble les défis les plus difficiles sur le plan social, économique, culturel, politique, en s’engageant pour une « humanité plus unie et plus solidaire «  dans des contexte comme en Algérie, en Syrie, au Liban, en République Démocratique du Congo, au Nigeria, aux Philippines, où des actions sont menées.

La présidente des Focolari bannit les demi-mesures :

« S’il existe un extrémisme de la violence, affirme-t-elle, nous lui répondons (…) de manière tout aussi radicale, mais d’une façon structurellement différente, par l’« extrémisme du dialogue » ! Un dialogue qui exige un maximum d’implication, ce qui est risqué et exigeant : un véritable défi qui vise à couper les racines de l’incompréhension, de la peur, du ressentiment ».

Civilisation de l’alliance :

En rappelant l’initiative de l’« Alliance des Civilisations », parmi les promoteurs de l’événement, Maria Voce se demande « s’il n’est pas possible aujourd’hui d’aller plus profondément à la racine de cette nouvelle perspective, en visant non seulement à une alliance des civilisations, mais à ce que nous pourrions appeler la « civilisation de l’alliance »; une civilisation universelle où les peuples considèreraient qu’ils font partie de la grande histoire, plurielle et fascinante, du cheminement de l’humanité vers l’unité. Une civilisation qui fait du dialogue la voie pour se reconnaître libres, égaux et frères ».

Parmi les nombreuses initiatives représentées ici, elle rappelle l’ONG New Humanity qui représente le mouvement des Focolari à l’ONU. Et sur cette dernière, elle s’interroge :

Nations unies et unité des nations

« L’ONU ne devrait-elle pas repenser sa vocation, reformuler sa mission fondamentale ? Que signifie aujourd’hui, être l’organisation des « Nations Unies », si ce n’est une institution qui met vraiment tout en œuvre en vue de l’unité des nations, dans le respect de leurs très riches identités ? Il est absolument fondamental de travailler pour le maintien de la sécurité internationale ; cependant, la sécurité, bien qu’indispensable, n’est pas nécessairement l’équivalent de la paix.

Les conflits internes et internationaux, les profondes divisions que nous connaissons à l’échelle mondiale, ainsi que les grandes injustices locales et planétaires, exigent en effet une véritable conversion qui doit se traduire dans les actes et dans les choix de la gouvernance globale, afin que puisse se réaliser le slogan lancé par Chiara Lubich :  » aimer la patrie de l’autre comme la sienne«   jusqu’à l’édification de la fraternité universelle ».

La guerre est l’irréligion : 

« La guerre est, par définition, irréligion. Le militarisme, l’hégémonie économique, l’intolérance à tous niveaux, sont cause de conflits ainsi que beaucoup d’autres facteurs sociaux et culturels dont la religion ne constitue souvent qu’un tragique prétexte. Ce à quoi nous assistons en de nombreuses régions de la planète, (…) a bien peu à voir avec la religion. En tout état de cause, et dans ces cas-là, on ne devrait pas tant parler de guerres de religions mais plus concrètement, de façon réaliste et prosaïque, de religion de la guerre ».

Alors que faire ? 

En citant Chiara Lubich, elle lance ce défi : avoir le courage « d’inventer la paix ». « Nombreux sont les signes qui montrent que, de la grave conjoncture internationale, peut finalement émerger une conscience nouvelle de la nécessité de travailler ensemble pour le bien commun, (…) avec le courage « d’inventer la paix ». Le temps des « guerres saintes » est terminé. La guerre n’est jamais sainte et ne l’a jamais été. Dieu ne la veut pas. Seule la paix est vraiment sainte car Dieu lui-même est la paix ».

Elle conclut par l’appel à la règle d’or, qui nous reporte à l’inspiration fondamentale que les religions ont en commun, afin qu’elles soient « non pas un instrument utilisé par d’autres pouvoirs, même si ces derniers ont de très nobles objectifs. Ni même une formule étudiée intellectuellement dans un bureau pour résoudre crises ou conflits. Mais un processus spirituel qui s’incarne et devient une communauté. Une communauté qui partage et donne du sens aux joies et aux souffrances de l’homme d’aujourd’hui, en orientant tout vers la réalisation de l’unique famille humaine universelle ».

Texte intégral

 

Maria Voce à l’ONU : la guerre est l’irreligion

Intervention de la présidente des Focolari, Maria Voce, aux Nations-Unies dans le débat de haut niveau “Promouvoir la tolérance et la réconciliation”.

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